L'Algérie est hostile à la tenue d'un sommet arabe extraordinaire pour étudier la situation dramatique à Ghaza. Cette position a été expliquée hier par Abdelaziz Belkhadem, secrétaire général du FLN et représentant personnel du président de la République, qui intervenait sur les ondes de la Chaîne III de la radio nationale, lors de l'émission « L'invité de la rédaction » de Souhila El Hachemi. Il ne sert à rien, selon lui, de tenir un sommet des chefs d'Etat arabes si des décisions ne sont pas prises allant dans le sens d'une rupture de toute relation diplomatique avec Israël et d'une utilisation « de l'arme » du pétrole arabe pour défendre les droits du peuple palestinien. « Cela ne sert à rien de se réunir pour produire un communiqué de dénonciation. Cela peut se faire à un niveau plus faible, celui des Affaires étrangères », a-t-il dit, soulignant qu'Israël ne cherche pas la paix. Les ministres arabes des Affaires étrangères se sont déjà réunis au Caire la semaine écoulée et avaient demandé au Conseil de sécurité de l'ONU d'adopter une résolution contraignante exigeant d'Israël d'arrêter son agression dans la bande de Ghaza. Appel ignoré, puisque le veto américain au niveau de ce conseil a avorté la demande faite par la Libye au nom du groupe arabe. Attitude classique, en somme. Abdelaziz Belkhadem, ex-ministre des Affaires étrangères, a rappelé que le même Conseil de sécurité s'était empressé de se réunir après un attentat à la voiture piégée qui avait ciblé Tel-Aviv, il y a quelques années. « Il y a deux poids, deux mesures », a-t-il dénoncé. Il a relevé qu'à l'heure actuelle, le sang ne coule que dans les pays musulmans, citant l'Irak, la Somalie et le Pakistan. Pour rappel, l'Arabie Saoudite et l'Egypte, installées sur l'axe dit modéré, se sont opposées à la tenue d'un sommet arabe extraordinaire après le début des bombardements israéliens sur Ghaza, le 27 décembre dernier. En 2006, après l'attaque du Liban par Israël, les pays membres de la Ligue arabe avaient échoué à tenir un sommet des chefs d'Etat, laissant l'initiative diplomatique à l'Union européenne. M. Belkhadem a dénoncé l'attitude des pays occidentaux qui, selon lui, prétendent défendre les droits de l'homme et se taisent sur la crise humanitaire à Ghaza. Revenant sur les relations avec l'Etat hébreu, l'ex-chef de gouvernement a estimé que l'Algérie ne sera pas la terre où se fera « la normalisation avec Israël ». M. Belkhadem s'est toujours opposé à l'établissement de relations diplomatiques avec Tel-Aviv et l'a exprimé à plusieurs reprises. Avant le lancement de l'Union pour la Méditerranée (UPM), en juillet dernier à Paris, il avait prévenu contre toute « normalisation rampante » avec Israël cachée derrière le projet défendu par le président français.