Deux fois reportées, longtemps incertaines, les élections législative et présidentielle en République centrafricaine (RCA) devaient se tenir hier 23 janvier sur fond de contestation avant même que le vote ne se tienne. Ce n'est pas une surprise dans ce pays de 4,8 millions d'habitants où la violence politique est récurrente depuis son indépendance en 1960 et où tous les indicateurs sociaux économiques sont dans le rouge. Deux fois reportées, longtemps incertaines, les élections législative et présidentielle en République centrafricaine (RCA) devaient se tenir hier 23 janvier sur fond de contestation avant même que le vote ne se tienne. Ce n'est pas une surprise dans ce pays de 4,8 millions d'habitants où la violence politique est récurrente depuis son indépendance en 1960 et où tous les indicateurs sociaux économiques sont dans le rouge. "Les systèmes sanitaires et éducatifs sont inexistants ou presque, confie un responsable de l'ONG Action contre la faim. A cause du paludisme, du sida, de la malnutrition, de la tuberculose et des déplacements de dizaines de milliers de personnes provoqués par les groupes rebelles, l'espérance de vie est passée sous la barre des 40 ans." Selon l'indice du développement humain publié en 2009 par les Nations unies, le pays occupait la 179e place sur 182. Sur le plan économique, la Centrafrique ne se porte guère mieux. La corruption et les détournements de fonds, qui n'épargnent pas la distribution de médicaments antirétroviraux, affectent toutes les couches de la société. Organiser des élections dans un pays exsangue, grand comme la France et la Belgique réunies, était déjà un défi en soi. D'autant que l'autorité du pouvoir central est contestée par une multitude de groupes armés, mouvements rebelles ou simples coupeurs de routes. Parmi les plus menaçants, figurent le Front populaire pour le redressement (FPR), composé de rebelles tchadiens sévissant dans le nord, la Convention des patriotes pour la justice et la paix (CPJP) dans le Nord-Ouest, et l'Armée de résistance du Seigneur (LRA) qui sème la terreur dans tout l'est du pays en massacrant des populations villageoises entières et en enrôlant des enfants-soldats.En 2008, un dialogue politique avait donné naissance à un accord global de paix entre le gouvernement et certains groupes armés. " Mais le programme de désarmement, démobilisation et réinsertion (DDR) établi à cet effet n'a pas connu l'aboutissement souhaité pour des raisons financières, écrivait dans un rapport publié fin décembre l'Eisa, une ONG sud-africaine d'assistance électorale. La Centrafrique connaît aujourd'hui un environnement sécuritaire des plus précaires et des plus préoccupants." Des élections repoussées deux fois Trois des cinq candidats à l'élection présidentielle se connaissent de longue date. Ange-Félix Patassé, ancien président (1993 à 2003), retrouve Martin Ziguélé, qui a été son premier ministre, et surtout François Bozizé, qui lui a ravi le pouvoir lors d'un coup d'Etat avant de se faire élire en 2005. Le quinquennat de François Bozizé, chef du parti KNK (pour Kwa na kwa en langue sango, qui signifie "le travail rien que le travail"), s'est achevé en avril dernier. Des élections auraient du être organisées dans la foulée mais, pour des raisons de sécurité et de logistiques, elles ont été repoussées à deux reprises. Après des semaines de palabres et de crispations, le président a finalement fixé la date au 23 janvier. "François Bozizé s'est alors lancé dans une course contre-la-montre, raconte un chef d'entreprise. Il a tout fait pour tenir cet engagement, notamment parce qu'il en va de sa crédibilité auprès de la communauté internationale et des bailleurs de fonds. De son côté, l'opposition, mal organisée, avait intérêt à ralentir ce processus." Une logistique hasardeuse Recensement des électeurs, informatisation des listes, distribution des cartes d'électeurs ou dépôt des candidatures… Les polémiques se sont multipliées. "La publication des listes qui recensent tous les électeurs avait pris beaucoup de retard malgré le triplement des effectifs initiaux pour l'établir, raconte ainsi un observateur. Les membres de la CEI touchaient une indemnité journalière et ils souhaitaient aussi gagner du temps. Le 21 décembre, l'armée a débarqué et séquestré tout le monde pour accélérer le boulot. Le gouvernement a fait livrer du poulet et du café ! Deux jours plus tard, les listes étaient achevées et les membres de la CEI sont sortis sains et saufs."Côté logistique, il a également fallu presser le pas. Près de 7.000 urnes ont été récupérées au Togo en décembre. Un imprimeur britannique a remporté l'appel d'offres pour l'impression des bulletins de vote mais, l'aéroport de Londres étant fermé à cause de la vague de froid, il a fallu en trouver un autre. C'est dans l'urgence, à Dubaï, qu'ont finalement été imprimés les bulletins centrafricains. Pour respecter le Code électoral et éviter toutes les possibilités d'annulation du scrutin, ils devaient être acheminés avant le 8 janvier dans les 4 500 bureaux de vote (avec les urnes, les affiches, les isoloirs, les panneaux d'affichage…) sur des pistes défoncées en latérite, et sous la menace des groupes armés. Afin de faciliter la circulation du matériel électoral à travers le pays, d'anciens chefs rebelles ont été nommés conseillers à la présidence.Ces problèmes à peu près résolus, le résultat du vote fait déjà l'objet de contestations. Ange-Félix Patassé a ainsi déposé un recours en annulation pour non-respect du Code électoral quant au délai pour la publication des bureaux de vote, la désignation des présidents de ces bureaux et l'affichage des listes électorales. "Les systèmes sanitaires et éducatifs sont inexistants ou presque, confie un responsable de l'ONG Action contre la faim. A cause du paludisme, du sida, de la malnutrition, de la tuberculose et des déplacements de dizaines de milliers de personnes provoqués par les groupes rebelles, l'espérance de vie est passée sous la barre des 40 ans." Selon l'indice du développement humain publié en 2009 par les Nations unies, le pays occupait la 179e place sur 182. Sur le plan économique, la Centrafrique ne se porte guère mieux. La corruption et les détournements de fonds, qui n'épargnent pas la distribution de médicaments antirétroviraux, affectent toutes les couches de la société. Organiser des élections dans un pays exsangue, grand comme la France et la Belgique réunies, était déjà un défi en soi. D'autant que l'autorité du pouvoir central est contestée par une multitude de groupes armés, mouvements rebelles ou simples coupeurs de routes. Parmi les plus menaçants, figurent le Front populaire pour le redressement (FPR), composé de rebelles tchadiens sévissant dans le nord, la Convention des patriotes pour la justice et la paix (CPJP) dans le Nord-Ouest, et l'Armée de résistance du Seigneur (LRA) qui sème la terreur dans tout l'est du pays en massacrant des populations villageoises entières et en enrôlant des enfants-soldats.En 2008, un dialogue politique avait donné naissance à un accord global de paix entre le gouvernement et certains groupes armés. " Mais le programme de désarmement, démobilisation et réinsertion (DDR) établi à cet effet n'a pas connu l'aboutissement souhaité pour des raisons financières, écrivait dans un rapport publié fin décembre l'Eisa, une ONG sud-africaine d'assistance électorale. La Centrafrique connaît aujourd'hui un environnement sécuritaire des plus précaires et des plus préoccupants." Des élections repoussées deux fois Trois des cinq candidats à l'élection présidentielle se connaissent de longue date. Ange-Félix Patassé, ancien président (1993 à 2003), retrouve Martin Ziguélé, qui a été son premier ministre, et surtout François Bozizé, qui lui a ravi le pouvoir lors d'un coup d'Etat avant de se faire élire en 2005. Le quinquennat de François Bozizé, chef du parti KNK (pour Kwa na kwa en langue sango, qui signifie "le travail rien que le travail"), s'est achevé en avril dernier. Des élections auraient du être organisées dans la foulée mais, pour des raisons de sécurité et de logistiques, elles ont été repoussées à deux reprises. Après des semaines de palabres et de crispations, le président a finalement fixé la date au 23 janvier. "François Bozizé s'est alors lancé dans une course contre-la-montre, raconte un chef d'entreprise. Il a tout fait pour tenir cet engagement, notamment parce qu'il en va de sa crédibilité auprès de la communauté internationale et des bailleurs de fonds. De son côté, l'opposition, mal organisée, avait intérêt à ralentir ce processus." Une logistique hasardeuse Recensement des électeurs, informatisation des listes, distribution des cartes d'électeurs ou dépôt des candidatures… Les polémiques se sont multipliées. "La publication des listes qui recensent tous les électeurs avait pris beaucoup de retard malgré le triplement des effectifs initiaux pour l'établir, raconte ainsi un observateur. Les membres de la CEI touchaient une indemnité journalière et ils souhaitaient aussi gagner du temps. Le 21 décembre, l'armée a débarqué et séquestré tout le monde pour accélérer le boulot. Le gouvernement a fait livrer du poulet et du café ! Deux jours plus tard, les listes étaient achevées et les membres de la CEI sont sortis sains et saufs."Côté logistique, il a également fallu presser le pas. Près de 7.000 urnes ont été récupérées au Togo en décembre. Un imprimeur britannique a remporté l'appel d'offres pour l'impression des bulletins de vote mais, l'aéroport de Londres étant fermé à cause de la vague de froid, il a fallu en trouver un autre. C'est dans l'urgence, à Dubaï, qu'ont finalement été imprimés les bulletins centrafricains. Pour respecter le Code électoral et éviter toutes les possibilités d'annulation du scrutin, ils devaient être acheminés avant le 8 janvier dans les 4 500 bureaux de vote (avec les urnes, les affiches, les isoloirs, les panneaux d'affichage…) sur des pistes défoncées en latérite, et sous la menace des groupes armés. Afin de faciliter la circulation du matériel électoral à travers le pays, d'anciens chefs rebelles ont été nommés conseillers à la présidence.Ces problèmes à peu près résolus, le résultat du vote fait déjà l'objet de contestations. Ange-Félix Patassé a ainsi déposé un recours en annulation pour non-respect du Code électoral quant au délai pour la publication des bureaux de vote, la désignation des présidents de ces bureaux et l'affichage des listes électorales.