Les producteurs nationaux de chaussures sont passés par des moments difficiles ces dernières années. Surtout depuis que les produits chinois ont commencé à inonder le marché. De 2000 à 2007, l'usine de fabrication de chaussures Manuca, présente à la 24e foire de la production nationale qui prendra fin demain à la Safex, a enregistré une perte de plus de 4 milliards de dinars à cause de la concurrence des produits importés. Mais à quelque chose malheur est bon. « 80% de notre production est restée dans les stocks. Cela a été un coup dur pour nous, mais en même temps, cela nous a poussés à restructurer notre usine et à introduire de nouveaux produits pour être à la hauteur du marché », explique Mohamed Akli Asli, représentant commercial de cette entreprise. C'est ainsi que l'entreprise s'est tournée vers de nouveaux modèles et a formé des designers en Italie. « La matière première que nous utilisons est 100% locale. Nous proposons des produits avec un bon rapport qualité-prix », indique-t-il. Cette concurrence déloyale, d'après le directeur de l'entreprise MAC, également spécialisée dans la fabrication de chaussures, Moussaoui, a poussé son équipe à mettre sur le marché des produits de qualité supérieure d'une part et à les diversifier, d'autre part. « Avant, nous ciblions les professionnels mais aujourd'hui, nous visons toutes les catégories. L'intérêt croissant des citoyens pour ce qui est local nous encourage à renforcer notre production. Les citoyens commencent à prendre conscience de la mauvaise qualité des produits chinois et leur impact sur leur santé », souligne-t-il, faisant part d'un projet d'extension de l'usine. Il a signalé, dans ce contexte, que les besoins nationaux en matière de chaussures sont estimés à 120 millions de paires alors que la production nationale n'en n'assure même pas la moitié. « Cette extension nous permettra de produire 1.000 paires de chaussures par jour au lieu de 120 actuellement. Il y a un an, nous avons déposé un dossier pour bénéficier d'une assiette foncière, à ce jour nous avons pas reçu de réponse. Le projet d'extension initiale était évalué 80 millions de dinars, mais avec la dévaluation du dinar, cela nous coûtera 130 millions de dinars. Si la réponse tarde à venir, ce montant pourrait d'augmenter encore et nous risquons de laisser tomber le projet, car il ne sera plus dans nos moyens », confie-t-il. Moussaoui a évoqué également la problématique la main-d'œuvre, pratiquement inexistante dans ce créneau. « Nous sommes en train de former nos formateurs et notre personnel et nous essayons de récupérer les jeunes chômeurs pour les initier à ce métier. Ce n'est pas évident. Nous projetons d'employer 120 personnes dans le cadre du projet d'extension », dit-il. Toujours dans ce registre, le représentant de Manuca a signalé qu'en matière de formation, il vise la main-d'œuvre féminine, « plus sérieuse et plus motivée », selon lui. Pour ce qui est de l'exportation, les deux entreprises disent vouloir investir le marché national d'abord avant de se tourner vers l'étranger.