La commune d'Aïn Touta (35 km au sud de Batna) est appelée à « tirer davantage profit de son potentiel pour développer la filière avicole, devenue une vraie vocation dans cette région », a estimé, hier, le président de l'association « Aurès » des aviculteurs, Abdelaziz Khlifi. La redynamisation de cette filière contribuera sans aucune doute, tout en satisfaisant les besoins exprimés localement et à l'échelle de toute la région, à promouvoir une économie « forte et diversifiée » dans cette commune à proximité de laquelle se trouve déjà la grande cimenterie de la Scimat, a considéré Khlifi, vétérinaire de formation et vulgarisateur agricole. La daïra d'Aïn Touta compte, à elle seule, 80 basses-cours de poulets de chair et 250 unités avicoles totalisant plus de un million de poules pondeuses produisant annuellement plus de 1,3 milliard d'œufs, soit près de 20 % de la production nationale, a-t-il rappelé. L'émergence de ce pôle a été impulsée par le soutien public de cette filière, ainsi que par les mesures incitatives engagées depuis 2008, dont l'exonération de la TVA sur les intrants (aliments et produits vétérinaires) et l'aide à la réhabilitation des moyens de production. Pour ce vulgarisateur agricole, les principales contraintes liées au développement de la filière avicole dans cette région ont notamment trait à « la hausse des coûts d'aliments de volaille, la prépondérance d'intermédiaires dans le circuit de commercialisation et aux particularités du circuit de distribution du poussin au niveau national ». Khlifi a affirmé que le développement de cette filière doit « s'articuler autour d'opérateurs intégrateurs qui peuvent être les fabricants d'aliments composés, des couvoirs, des abattoirs industriels avicoles et des centres de conditionnement d'œufs ». L'organisation de la filière exige celle de la profession des vétérinaires qui est « source d'assurance » pour le consommateur. Des aviculteurs approchés par l'APS ont souligné que la filière « nécessite une bonne maîtrise des innovations et du savoir-faire pour surmonter le problème de régression de la production en été et la dégringolade des prix en cas de hausse de la production, et ce, à travers la disponibilité d'espaces de stockage au froid et la lutte contre l'activité parallèle qui provoque une augmentation des prix préjudiciable autant au producteur qu'au consommateur ». Ces mêmes aviculteurs ont fait remarquer que malgré la croissance enregistrée durant les dernières années, un grand nombre d'éleveurs de volailles exercent toujours dans des locaux et des entrepôts non conformes, ce qui est à l'origine de la perte, annuellement, d'un grand nombre de poulets, nonobstant le recours de 70% d'entre eux au marché parallèle sans déclaration auprès des services compétents. Une donne qui rend « difficile », selon eux, l'évaluation et la mise en place de plans de développement « aussi efficaces que souhaité ».