Photo : Sahel De notre correspondant à Oran Mohamed Ouanezar Pourquoi le poulet et les œufs coûtent-ils trop cher depuis quelques semaines ? Les consommateurs l'auront appris à leurs dépens, le poulet n'est plus à la portée des petites bourses. Certains ont tenté d'expliciter cette flambée dans les prix des produits avicoles par l'approche de la fête de l'Aïd El Kebir, d'autres par les intempéries et autres causes. Mais la réponse nous vient de la bouche du président de l'Association nationale des aviculteurs, Mokrane Rezouane, qui a déclaré mercredi dernier sur les ondes de la Chaîne III que «cette flambée des prix du poulet et des œufs est due à la hausse des cours des aliments de bétail, notamment et aux multiples contraintes liées aux taxes et impôts». Cependant, les prix des aliments de bétail qui tournaient autour de 3 500 et 4 000 DA le quintal, il y a quelques mois, connaissent une baisse sensible et progressive. En effet, les cours se rétablissent progressivement autour de 2 800 DA le quintal de l'aliment de bétail. Si paradoxal que cela puisse paraître, cette baisse dans les cours de l'aliment de bétail n'a pas été suivie d'une baisse dans les prix des poulets et des œufs. Selon le représentant des aviculteurs, «cette situation est due au fait que bon nombre d'aviculteurs ont fini par réformer leur cheptel de reproduction». Cela veut dire, comme c'est le cas dans la wilaya d'Oran et à l'échelle de toute la région de l'Oranie, que les coopératives des aviculteurs ne tournent plus à plein régime. Selon des informations émanant de la direction de l'agriculture, les couvoirs d'avicultures d'Oran et à l'échelle de l'Ouest tournent à hauteur de 40% seulement de leur capacité. D'un autre côté, plusieurs petites coopératives ont baissé rideau à l'Ouest à cause de la hausse des prix de revient des poussins, de l'aliment de bétail et œufs à couver. Les taxes et autres contraintes liées à l'équipement et aux médicaments des volailles ont également concouru à cette situation désastreuse où le poulet a vraiment pris des ailes au détriment des petites bourses. Il faut dire que le secteur reste dépendant à hauteur de 90% d'intrants avicoles qui sont importés de l'étranger, tels que les équipements, le matériel biologique, les produits vétérinaires et, enfin, l'aliment de bétail. Selon des statistiques émanant d'experts algériens du secteur, «l'Algérie importe quelque 13 000 millions de poussins reproducteurs par an». Selon le président de l'ANFA, «à la suite de ces problèmes des prix de revient des aliments de bétail, la production nationale de poulets a chuté de 24 000 tonnes par mois à moins de 20 000 tonne. Soit une baisse de 3 millions de poulets par mois. La production nationale actuelle tourne autour de 13 millions de poulets par mois». Selon le représentant de cette association professionnelle, «l'Etat doit mettre en pratique des mesures urgentes et rapides en vue de venir en aide à la filière», notera-t-il. L'aide, selon ce dernier, doit s'axer sur «la suppression de la TVA sur les aliments de bétail, notamment les céréales, le soja et le maïs. Cela se répercutera, à coup sûr, sur les autres maillons de la chaîne. Aujourd'hui, nous continuons à payer les 17% de la TVA. Cela fait beaucoup pour un secteur stratégique qui a besoin d'être consolidé», a-t-il dit. Actuellement, le déséquilibre entre l'offre et la demande perdure malgré la baisse des coûts du quintal des aliments de bétail. Or, selon les statistiques de la FAO, «l'Algérien consomme aux environs de 6 kilogrammes de viandes blanches par an, pour une production annuelle nationale qui tourne autour de 342 000 tonnes», estime-t-on dans ce rapport. Ce faisant, la crise qui sévit dans le secteur risque d'influer négativement sur la stabilité du monde du travail où pas moins de 50 000 postes d'emploi seront menacés, explique-t-on encore. L'Algérie gagnerait à encourager l'implantation d'activités en relation avec l'industrie des équipements avicoles et autres produits biologiques. En attendant, les prix de ce produit de large consommation continuent de grimper au-delà de la barre des 320 DA le kilogramme, tandis que l'œuf a, lui aussi, connu la même frénésie puisqu'il est vendu à hauteur de 12 DA.