Après l'Afghanistan, l'Irak et la Syrie dont la destruction des plus célèbres sites archéologiques par le terrorisme a ébranlé la communauté internationale, c'est autour, aujourd'hui, de la Libye en pleine guerre, et, de surcroît, confrontée au groupe terroriste Daech, de voir son patrimoine culturel menacé. Terre de grandes civilisations, ayant marqué l'histoire de l'humanité, notamment dans le pourtour méditerranéen, ce pays, plongé dans une crise politique sans précédent, où deux gouvernements opposés se disputent le pouvoir, n'a pas les moyens pour faire face à ce phénomène qui risque d'écorner des pans entiers de l'identité plurielle du peuple libyen. Une année après l'appel d'urgence lancé par la directrice générale de l'Unesco, Irina Bokova, demandant à « toutes les parties, ainsi qu'à la population libyenne de s'engager et d'agir pour la sauvegarde de ce patrimoine », le Conseil international des musées (Icom) se met de la partie, en dressant une « liste rouge d'urgence » des biens et objets culturels libyens en péril, menacés par la destruction, le vol, le pillage ou le commerce illicite. La liste énumère cinq catégories d'objets comme des sculptures, des éléments architecturaux, des récipients, des accessoires ou des monnaies et couvre une période allant du Ve millénaire av. J.-C. au XVIe siècle de notre ère. On y trouve, note le communiqué du conseil, publié mardi dernier, entre autres pièces, un buste funéraire en marbre d'une femme voilée de la période grecque (IVe siècle av. J.-C.), une stèle funéraire en calcaire à inscriptions latines de la période romaine (première moitié du IIIe s. ap. JC.) ou encore une cruche en céramique de la période islamique (IXe-Xe s. ap. J.-C.). Selon l'Icom, ces listes rouges de l'Icom ont été conçues pour aider les professionnels de l'art et du patrimoine, ainsi que les forces de l'ordre à identifier les objets d'art en danger et protégés par les législations en vigueur. L'institution, qui regroupe environ 35.500 membres dans 137 pays, et travaille avec l'Unesco, l'Organisation mondiale des douanes ou encore Interpol, exhorte les musées, maisons de vente, marchands d'art et collectionneurs « à ne pas faire l'acquisition d'objets semblables sans avoir vérifié au préalable, et de façon minutieuse, leur provenance ainsi que la documentation légale correspondante ». L'Icom invite également tous ceux qui soupçonneraient qu'un bien culturel provenant de la Libye a été volé, pillé ou exporté illicitement, « à contacter immédiatement les autorités locales ».