C'est à travers ces combattants revenus de Syrie que Daech menace de tout détruire en Europe de la compromission, du néocolonialisme et de l'interventionnisme chaotique dont les conséquences sont aujourd'hui dramatiquement vécues par les sociétés occidentales. Il y a désormais péril en la demeure. Le choix cornélien met dans la balance le piège mortel de la « guerre civile » tapissant la tentation islamophobe et la stigmatisation communautaire soufflée par l'extrême droite européenne dopée par le marché de la peur. L'étau se resserre. Entre la déferlante migratoire et la menace terroriste, le Vieux continent bascule dans l'ère des grandes incertitudes qui ont mis en péril ses fondements unitaires et ses valeurs fondatrices de solidarité et des droits de l'Homme. A l'aube d'une nouvelle année, accueillie dans la crainte des attentats, la puissante locomotive déroute sur le syndrome des attentats sanglants de Paris réinventé, de la localité française de Valence visée par une attaque à la voiture-bélier commise contre des militaires en poste devant l'unique mosquée de Munich secouée par une fausse alerte à l'attentat kamikaze signalé par « deux pays amis » contre la gare principale de Munich et de l'agglomération avoisinante de Pasing. Le scénario de l'horreur laissait présager, selon le quotidien allemand Bild, le déclenchement de la seconde attaque suicide à l'arrivée des secours sur les lieux de la première attaque. Il s'inspire, selon la radio Bayerischen Rundfunk, du précédent parisien marqué par la fusillade à la kalachnikov. Le Nouvel An allemand agité a provoqué un branle-bas de combat même si, comme le souligne le chef de la police munichoise, « nous ne savons pas si les noms (des suspects qui ont été communiqués) existent, si ces personnes existent bel et bien et si oui où elles se trouvent ». La gangrène terroriste ne laisse plus indifférent. Des contrôles ont été effectués, notamment dans la gare centrale et une autre proche des villes évacuées un moment pour être rouvertes, par 550 policiers mobilisés pour la circonstance. La vigilance est toujours de rigueur pour Berlin disposant de la liste « pour la moitié des suspects » de nationalités irakienne et syrienne. Le passage à l'acte imminent est évacué. Mais la « fausse alerte » ne semble pas convaincre les autorités allemandes hantées par l'esprit maléfique de Hanovre, lorsque, quelques jours après les attentats de Paris, le match de football prévu le 17 novembre entre l'Allemagne et les Pays-Bas a été purement et simplement annulé. Le débat fait polémique sur la véracité ou la menace surdimensionnée du terrorisme aux aguets. « La situation en Europe, y compris en Allemagne, reste inquiétante en cette nouvelle année. Les services de sécurité continuent d'estimer que le terrorisme international constitue un danger élevé », a estimé le ministre de l'Intérieur, Thomas de Maizière, qui s'est vu reprocher de surréagir au risque terroriste. Engoncée dans un état d'urgence ou, au minimum, dans un dispositif sécuritaire renforcé, l'Europe a fêté le Nouvel An sous haute surveillance. Bruxelles, accusé de permissivité dans les attentats de Paris et menant la chasse aux réseaux et aux éléments de Daech, a procédé à l'annulation des festivités. Peur sur l'Europe confrontée à la guerre contre « l'ennemi invisible » aux tentacules remontant au terrorisme international parfaitement identifié dans Al-Qaïda et Daech des misions impériales et néocoloniales interchangeables.