Le bilan est lourd. Dix étrangers, dont huit Allemands et un Péruvien, ont été tués, et 15 autres personnes blessées. Le doute n'est plus permis dans la guerre contre « le terrorisme », ciblant particulièrement le PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan). « L'auteur de cette attaque terroriste est un étranger, membre de Daech », a affirmé le Premier ministre, Ahmet Davutoglu, à la télévision. Il a été identifié grâce à ses empreintes digitales enregistrées par les services d'immigration, comme étant un ressortissant syrien, Nabil Faldi, né en Arabie saoudite en 1988, et membre de Daech. Il serait entré en Turquie le 5 janvier depuis la Syrie. Tout mène vers Daech dans le mode opératoire qui se rapproche des attentats de Paris comme dans le choix des cibles, privilégiant, comme c'est le cas à Sousse et la tuerie du musée du Bardo, les touristes étrangers pour mieux s'attaquer au secteur névralgique. « La Turquie est la première cible de toutes les organisations terroristes actives dans la région, parce qu'elle les combat toutes avec la même détermination », a estime le président Recep Tayyip Erdogan, désignant Daech qu'il n'a pas toutefois hésité à mettre dans le même panier que l'ennemi juré kurde, le PKK. Piégée par une alliance avec la rébellion syrienne devenue encombrante, Ankara ralliant en définitive, l'été dernier, la coalition internationale conduite par les Etats-Unis, se résout à changer de fusil d'épaule en intégrant la nouvelle donne régionale. En état d'alerte permanent, la Turquie qui a accueilli, hier à Istanbul, le ministre allemand de l'Intérieur, Thomas de Maizière, a resserré les mailles du filet pour traquer les djihadistes de Daech. Mardi déjà, 65 personnes suspectées de faire partie du mouvement terroriste avaient été interpellées à Ankara, Izmir (ouest), Kilis, Adana et Mersin (sud), ainsi qu'à Sanliurfa (sud-est), a relevé l'agence de presse progouvernementale Anatolie. Les autorités n'ont pas précisé si ces arrestations étaient liées à l'attentat d'Istanbul au même titre que les 3 Russes soupçonnés de liens avec Daech et arrêtés par la police, selon l'agence de presse Dogan. Les suspects ont été interpellés dans la ville balnéaire d'Antalya. Des documents et des CD ont été saisis par la police lors de l'intervention, a précisé la même source qui n'a fait aucun lien entre cette opération et l'attaque survenue dans la mégapole turque. Le virage turc est indéniable pour signifier un engagement plus résolu dans le combat contre Daech, en guerre ouverte contre la Turquie ensanglantée par les attaques de Diyarbakir (4 morts, 6 juin 2015), Suruç (34 morts, 20 juillet), Ankara (103 morts, 10 octobre). Finie l'ère de la complaisance ? Finie l'« autoroute du djihad » des frontières poreuses longues de 900 kilomètres ? Le danger est au cœur d'Ankara emmailloté par « le réseau dormant » de 450 éléments de Daech, révélé le 11 janvier par la chaîne de télévision Habertürk.