Les événements sanglants de Sakiet Sidi-Youcef, dont le 58e anniversaire sera commémoré demain, demeurent un symbole éternel du combat commun des Algériens et des Tunisiens pour que triomphent la liberté et la dignité. Le bombardement de Sakiet Sidi Youcef par l'armée française, le 8 février 1958, a « conforté les liens déjà forts qui ont toujours marqué les relations entre les peuples algérien et tunisien », souligne Djamel Ouarti, de l'université Mohamed-Cherif Messaâdia de Souk Ahras. Selon lui, la Tunisie a de tout les temps constitué « une seconde patrie » pour les Algériens fuyant la barbarie de la soldatesque française. Depuis 1843, lorsque cheïkh El Hasnaoui Ben Belkacem El Hannachi avait trouvé refuge en Tunisie, après une résistance farouche contre l'occupation française. Pour cet universitaire, le bombardement de Sakiet Sidi Youcef avait illustré la « faillite politique française » qui a débuté par la décision de la France de « s'inventer », en 1956, un droit de poursuite pour traquer les unités de l'Armée de libération nationale installées en Tunisie. A 9 heuresdu matin de cette journée, un avion français qui survolait la région de Sakiet Sidi Youcef, touché par un tir, s'est posé en catastrophe à Tébessa. Et à dix heures, l'armée française donna l'assaut. Sakiet Sidi Youcef, implanté sur une colline, fut bientôt survolé par une vingtaine de bombardiers et de chasseurs français qui « brisèrent dans un vacarme assourdissant la tranquillité du village ». Pas moins de 79 habitants, tous des civils, furent tués. Parmi eux, 20 enfants et 11 femmes, sans compter les blessés. Tous les équipements publics de Sakiet Sidi Youcef, y compris la base de la Croix-Rouge internationale, furent détruits. Pour Ouarti, « la France avait mésestimé l'ampleur de cette lâche attaque contre des civils dont des enfants et des vieillards », affirmant que les écrits journalistiques de reporters de la presse étrangère, au lendemain de l'attaque, ont « choqué l'opinion internationale ». Pour les Etats-Unis, c'est un « acte fou » et pour l'ex-Union soviétique, c'est un « acte désespéré ».