La réponse musclée de Séoul s'intègre dans la stratégie de redéploiement américaine légitimée par la « provocation » inespérée de Pyong Yong. « Chacune de ces provocations, chacune de ces actions illégales, requièrent une réponse ferme. Suite aux décisions et actions de la RPDC, nous allons nous assurer que le Conseil de sécurité impose de sérieuses conséquences », a indiqué l'ambassadrice américaine, Samantha Power, à l'issue d'une réunion du Conseil de sécurité, présidée par l'ambassadeur du Venezuela, Rafael Ramirez Carreno, exigeant « une nouvelle résolution » pour renforcer les sanctions. Face à l'impasse de la « patience stratégique », comme l'énoncent les spécialistes, la relance du bouclier anti-missile américain installé en Corée du Sud, si près de la frontière avec la Chine, se veut un moyen pour prévenir « les menaces croissantes de la Corée du Nord » évoquées par le ministre adjoint sud-coréen de la Défense, Yoo Jeh-Seung. L'occasion est trop belle. Quelques heures seulement après l'annonce du tir de la fusée nord-coréenne, des discussions ont immédiatement été entamées sur la mise en place du système dit Thaad (Terminal High Altitude Area Defense), un bouclier antimissiles parmi les plus sophistiqués du monde. « Cet essai nucléaire, associé aux tests de technologie de missiles balistiques (...), renforcent nécessairement l'argument selon lequel Séoul a besoin d'améliorer son système de défense », signale Ben Goodlad, analyste chez IHS Aerospace, Defence and Security. Mais au-delà des impératifs sécuritaires, les enjeux de la nouvelle guerre froide qui n'indiffèrent pas Moscou relevant le caractère « très dommageable » du défi nord-coréen et, encore plus, Pékin tenu de se défaire d'un allié devenu encombrant et néanmoins porté à bout de bras. Tout naturellement, la Chine, qui a exprimé seulement « ses regrets », reste toutefois « profondément préoccupée » par l'arrivée du Thaad à ses portes, perçue comme une menace pour sa propre politique de dissuasion nucléaire. Un tel déploiement ne ferait qu'aggraver les tensions sur la péninsule et nuire aux efforts pour lutter contre le programme nucléaire nord-coréen. « Nous exigeons la prudence des pays concernés », a affirmé la porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Hua Chunying. Sous pression, Pékin voit d'un mauvais œil l'installation du système Thaad, déployé sur l'Ile de Guam, dans l'océan Pacifique, et appelé à être consolidé au Japon. La nouvelle donne est, aux yeux des spécialistes, porteuse d'un « vrai potentiel de tensions et d'instabilité régionales » et, bien évidemment, d'une course aux armements ambitionnée par les candidats déclarés à l'arme nucléaire, comme le Japon et la Corée du Sud et, pourtant, condamnés par les perspectives de dénucléarisation iraniennes.