Les derniers développements risquent de faire capoter le processus de négociations et de rendre encore plus périlleuse la situation en Syrie. La Turquie est entrée en jeu en bombardant, depuis samedi dernier, des secteurs kurdes dans le nord de la Syrie. Ils se poursuivaient, hier, par intermittence, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). L'artillerie turque a déjà fait deux morts et sept blessés parmi les Forces démocratiques syriennes (FDS), regroupant des combattants arabes et kurdes syriens menés par les Unités de protection du peuple kurde (YPG ). Les dirigeants turcs n'ont cessé de répéter que le PYD et le YPG sont des organisations « terroristes », étroitement liées au PKK. Cette intervention crainte et attendue depuis des mois risque de compliquer davantage la situation. L'armée turque a bombardé les localités de Minnigh ainsi que son aéroport militaire, Malkiya Mazraa. Des combats opposaient hier les groupes kurdes aux rebelles à la lisière de la ville de Tall Rifaat. Les forces gouvernementales se trouvent à seulement 3 km de la ville d'Alep. Engagement saoudien Par ailleurs, l'Arabie saoudite a déployé des avions de combat sur une base aérienne en Turquie pour « intensifier" ses opérations contre Daech en Syrie, a annoncé un haut responsable du ministère saoudien de la Défense. « Des avions des forces aériennes saoudiennes sont présents avec leurs équipages pour intensifier les opérations aériennes », a-t-il précisé. Il a expliqué que ce déploiement faisait suite à la décision de la coalition internationale, cette semaine à Bruxelles, d'« intensifier les opérations aériennes contre Daech ». Il a souligné que ce déploiement à Incirlik s'inscrivait dans le cadre de la coalition internationale « dirigée par les Etats-Unis » et ne relevait « pas d'une action entre Ryad et Ankara. Le général saoudien a répété que le royaume était prêt à dépêcher des troupes au sol en Syrie. « Il y a un consensus au sein des forces de la coalition sur le lancement d'opérations au sol et le royaume y est engagé », a-t-il dit, ajoutant que « des experts militaires vont se réunir dans les prochains jours pour mettre au point les détails, les effectifs et le rôle de chaque Etat ». L'Arabie saoudite et la Turquie, devenues ces derniers mois de proches alliés, estiment que le départ du président syrien Bachar Al-Assad est indispensable pour une solution en Syrie. L'Iran, qui s'oppose à un tel scénario, a mis en garde hier l'Arabie saoudite. « Nous ne permettrons certainement pas que la situation en Syrie évolue conformément à la volonté des ‘‘pays rebelles''. Nous prendrons les décisions nécessaires le moment venu », a déclaré l'adjoint du chef d'état-major des forces armées, le général Massoud Jazayeri, à la chaîne d'Etat Al-Alam. La Russie a également exprimé son opposition. Dans une interview accordée à Euronews hier, le Premier ministre russe a affirmé que le président Bachar Al-Assad était la seule force légitime dans le pays et que son départ provoquerait le « chaos ». « Vous pouvez être d'accord ou pas, mais il est le président », a-t-il dit. « Si on le retire, ce sera le chaos, comme on l'a vu plus d'une fois dans plusieurs pays du Proche-Orient », a-t-il ajouté. Le gouvernement syrien est par ailleurs opposé à toute intervention de troupes terrestres étrangères sur son territoire. Ira-t-il jusqu'à une confrontation ?