Désormais, la donne a totalement changé sur le terrain en Syrie, avec les percées de l'armée du régime de Bachar al-Assad depuis le début des frappes russes, il y a treize jours, et cette mise en place d'une coalition arabo-kurde pour combattre l'organisation terroriste autoproclamée Etat islamique (Daech). Ainsi, la principale milice kurde (Unités de protection du peuple kurde, YPG) et des groupes rebelles arabes qui combattaient ensemble depuis longtemps ont formalisé leur alliance en créant une coalition sous le nom de "Forces démocratiques syriennes". Cette alliance inclut des rebelles syriens qui ont soutenu les YPG dans les combats contre Daech, dont le groupe majoritairement arabe Burkan al-Furat, des groupes représentant des tribus arabes et des chrétiens syriaques. Cette coalition aura pour effet de contribuer au changement sur le terrain constaté depuis que les frappes russes ont commencé. Les forces de Bachar al-Assad, revigorées par les bombardements russes, seront également les principales bénéficiaires sur le terrain de la naissance de cette coalition, qui a pour objectif de combattre le même ennemi que Damas, en l'occurrence Daech. Le changement de la situation à la suite de l'intervention russe en Syrie est reconnu par la cheffe de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, qui a déclaré que cela "change la donne". Les interventions dans le conflit "doivent être coordonnées, sinon cela risque d'être extrêmement dangereux non seulement d'un point de vue politique, mais surtout d'un point de vue militaire", a-t-elle souligné. Rappelons que Washington avait soutenu les YPG dans leur combat contre Daech dans le nord de la Syrie, où les Kurdes combattent au sol avec le soutien des frappes aériennes menées par la coalition conduite par les Etats-Unis. Il n'en demeure pas moins que cette nouvelle alliance sera mal vue par Ankara, qui considère les YPG comme la branche syrienne du PKK, qu'elle qualifie d'organisation terroriste. M. T.