Le Burundi ne cesse de s'enfoncer depuis quelques mois dans une crise majeure. Le regain de violence exacerbe la tension et fait craindre le pire faisant peser le risque d'un génocide. Hier matin, au moins cinq grenades ont explosé dans la capitale burundaise, Bujumbura, faisant un mort (un enfant) et au moins une dizaine de blessés. Selon les correspondants de presse, trois grenades, lancées par des hommes circulant à moto, ont explosé dans le centre de Bujumbura, dans les quartiers de Rohero et Buyenzi, et deux autres dans un quartier du nord de la ville, Ngarara. Ces attaques interviennent au lendemain de l'élection présidentielle. Les Centrafricains avaient voté la veille pour choisir entre les deux anciens Premiers ministres, Anicet Georges Dologuélé et Faustin Archange Touadéra, un président qui devra sortir le pays de trois ans de violences intercommunautaires. Ils devront encore attendre plusieurs jours pour connaître les résultats. Dans ce pays de près de cinq millions d'habitants, en proie à une recrudescence d'attaques armées après une accalmie de courte durée, les électeurs se sont massivement inscrits sur les listes électorales, espérant voir cette échéance mettre fin aux violences. La situation du pays a d'ailleurs été hier l'un des dossiers traités lors de la rencontre à Bruxelles des ministres européens des Affaires étrangères. L'Union européenne devait, de l'avis de certaines sources diplomatiques, entériner l'échec de ses consultations avec le Burundi sur les droits de l'homme et la démocratie et annoncer à l'occasion une prochaine suspension de l'aide directe au gouvernement de Bujumbura. Les deux parties ont tenu en décembre 2015 des consultations, à la demande de Bruxelles en réaction aux graves violences qui secouent ce petit pays d'Afrique des Grands Lacs, où le pouvoir et l'opposition se rejettent mutuellement la responsabilité de ces attaques. Le pays est plongé dans une profonde crise politique depuis la candidature fin avril 2015 du président Pierre Nkurunziza — réélu en juillet —à un troisième mandat. L'opposition, la société civile et une partie de son camp jugent ce troisième mandat contraire à la Constitution et à l'Accord d'Arusha, qui avait mis fin à la guerre civile (1993-2006). En mai 2015, les autorités burundaises ont déjoué un coup d'Etat militaire en mai et ont brutalement réprimé six semaines de manifestations à Bujumbura mais sans pour autant parvenir à enrayer l'intensification des violences qui ont déjà fait plus de 400 morts et poussé plus de 230.000 personnes à quitter le pays.