L'Algérie est-elle prête pour accueillir la téléphonie de la quatrième génération (4G) ? Une question soumise, hier, lors du forum du magazine N'tic, à l'avis des experts au lendemain de l'annonce officielle, par les pouvoirs publics, de l'introduction de cette technologique au cours du troisième trimestre 2016. Le consultant international en nouvelles technologies, Roslane Bencharef, estime que le contexte économique actuel ne favorise pas l'introduction de la 4G. Tout d'abord, parce que cette technologie engage de gros investissements que le pays n'a peut-être pas vu la crise financière due à la chute des prix du pétrole. En outre, l'absence de contenus locaux et d'un système e-paiement performant ne favorise pas non plus, selon lui, la mise en place de cette technologie. « Y a-t-il réellement un besoin de cette technologie ? Est ce que le marché sera rentable ? », s'interroge-t-il. A contrario, le directeur de la stratégie à Mobilis, Fayçal Bessah, estime que la 4G boostera la création de contenus et d'autres services. Sur l'utilité de la 4G, le vice-président de l'association algérienne des technologies de l'information et de la communication (TIC), Farid Lefkir, indique que cette technologie est destinée surtout à assurer une meilleure connectivité entre les entreprises et une meilleure participation des TIC au produit intérieur brut. « 20% de nos entreprises ne sont pas encore connectées. L'intérêt de la 4G, c'est de pouvoir aider les entreprises à le faire. Les TIC chez nous sont juste des centres de coût et non une évolution vers l'économie numérique », constate-t-il. L'expert en TIC, Merouane Debbah, signale, pour sa part, la nécessité d'évaluer l'impact que pourrait avoir cette technologie sur la croissance économique. « Afin que la 4G ait un impact immédiat sur la croissance économique et contribue à l'émergence d'un écosystème, il faudra que l'environnement où elle sera injectée le permette. C'est à partir de là qu'on pourra identifier les meilleures solutions susceptibles de faciliter son expansion et la rendre rentable », explique-t-il. Pour ce qui est du coût, le spécialiste de la 4G, Zied Malouche, assure que cette technologie, étant flexible, n'exige pas énormément d'investissements. « Certes, le coût sera considérable. Mais elle peut être réalisée sur les installations de la 3G », indique-t-il. Aux sceptiques qui ne voient dans la 4G qu'une technologie superficielle, Zied Malouche a estimé que les besoins en TIC seront toujours en évolution. « Les consommateurs voudront toujours plus et plus vite. Il vaut mieux anticiper sur la demande que de réagir quand elle prendra de l'ampleur », note-t-il. Rebondissant sur cette question, Bessah a signalé que le retard dans le lancement de la 3G a permis d'acquérir justement des équipements adaptés aussi pour la 4G. Seul bémol : la tarification. Farid Lefkir estime qu'il faudra aussi y réfléchir. « Que les opérateurs gagnent de l'argent, tant mieux pour eux, mais il faudra penser aussi aux entreprises et aux particuliers. Car ces derniers, semble-t-il, n'ont pas droit de cité », observe-t-il.