Sur les traces du grand maître, novateur par excellence du genre, Noureddine Saoudi*, la jeune coqueluche de la musique andalouse, semble trouver une voie propice pour conforter son talent. Loin de constituer un obstacle, sa maîtrise quasi parfaite de la Nouba et de ses dérivés, notamment le haouzi et lâaroubi, lui permet, au contraire, de quêter de nouvelles sonorités. Et de là, d'aider ce prestigieux patrimoine, longtemps confiné dans un cocon, à s'ouvrir sur d'autres sphères musicales. C'est dans cet esprit qu'est né son dernier album (édition Ostowana- studio aminoss) qu'elle réalisa avec la collaboration de l'association El-Djenadia de Boufarik, sa première école et grand amour. Avant tout, il s'agit d'un hommage à son professeur, Moussa Haroun. Un signe de reconnaissance envers ce grand nom de la scène musicale de qui se revendiquent de nombreux jeunes loups qui écument aujourd'hui l'estrade. Une palette mélodique très riche Une fois n'est pas coutume, Imene propose à son public une démonstration artistique mettant en avant une polyvalence jusqu'ici assez timide. On y trouve, dans une parfaite communion, plusieurs répertoires exécutés avec brio, Chaâbi, Madih, Haouzi... « Même si on s'est habitué à m'écouter dans la Nouba, cette fois-ci j'ai voulu montrer que je peux également interpréter d'autres styles », soutient l'artiste, non sans se rappeler à l'ordre en réitérant son attachement viscéral à l'art-source. Loin de tout nombrilisme, elle essaye plutôt d'appliquer « une autre couleur » à une palette mélodique déjà très riche. Le succès valant le risque, elle introduit, bile en tête, pour le morceau de Chaâbi « Sidna Mohamed » un instrument complètement inattendu : la batterie. La basse est tout aussi convoquée pour soutenir d'autres exécutions dont la qualité n'est plus à présenter. « La particularité de cet album de 14 titres, c'est qu'on a introduit des instrument modernes avec un jeu très soft », explique la jeune « Maâlma ». Sur les textes, par contre, elle observe une rigueur sans faille, triant sur le volet chaque corpus dans son registre, un certains nombre de Qacidate. Elle y puise, dans l'inaltérable fonds poétique du Melhoun maghrébin, de célèbres morceaux tels que « Youm el khmiss hrak lya » « Ama sebba lahbab » « Kan mâakom jat » « Salla Allah aalik ya imam », « Ya achik fi ezzine el-ghali »... Chaque poème émanant de grands bardes classiques épouse son genre et sa logique instrumentale. D'ailleurs, pour le grand public, Imene a mis en ligne, sur Youtube, un clip (réalisé par Aswatt édition) de la Qacida « Sidna mohamed » en compagnie des élèves de l'association. « Une première dans le Madih », se réjouit-elle, en annonçant, pour mardi prochain, la sortie de cette nouvelle production. Avec deux albums individuels et un coffret de quatre CD versés dans le mode Aâroubi, la sociétaire de l'ensemble national de la musique andalouse poursuit son ascension dans l'univers ensorcelant de cette musique savante émanant de la lointaine Andalousie. Loin des studios et de la scène, elle trouve le moyen et le temps pour former des jeunes talents. Elle est aussi professeur et chef d'orchestre. Rien que ça ! Amine Goutali (*) Directeur de l'Opéra d'Alger