Vous êtes parmi les rares basketteurs algériens à avoir joué jusqu'à l'âge de 41 ans. Après une si riche carrière, que devient Sahraoui ? Je suis un cadre de la direction de la jeunesse et des sports de Aïn Defla. J'ai bénéficié en 2006 d'une formation pour anciens internationaux mise en place par l'ancien ministre de la Jeunesse et des Sports, Yahia Guidoum. En tant qu'éducateur, j'ai créé le CSK. Avant cela, j'ai exercé en tant que sélectionneur adjoint en EN U18 qui a été classée 3e au Championnat arabe. Je viens de mettre un terme à mon expérience en tant qu'entraîneur à l'USM Blida. Actuellement, je suis l'entraîneur et le président de mon ancien club, le CSK, sans oublier ma fonction de directeur technique au sein de la Ligue régionale d'Aïn Defla, récemment créée. Le basket-ball algérien a connu plusieurs années d'évolution depuis l'Indépendance. Le WA Boufarik a été longtemps la locomotive avec un palmarès bien étoffé et des joueurs aux qualités indéniables. Quel est votre plus beau souvenir ? J'ai de beaux souvenirs avec le Widad. Ma première saison passée en 1991 avec le club m'a porté bonheur, puisque j'ai gagné à l'âge de 22 ans mon premier doublé (coupe et championnat). Ce qui a été synonyme de participation aux championnats arabe et d'Afrique durant lequel nous avions atteint les demi-finales. Nous n'avons pas pu aller au-delà, où nous avons été éliminés par les Ivoiriens de l'Africa Sports qui avaient l'avantage de jouer le match retour chez eux. Appartenir à une génération de basketteurs aussi talentueux ne vous a pas permis de gagner un titre régional ou continental en tant que joueur... Ce sont les seuls titres qui manquent à mon palmarès. A chaque fois, nous avons raté de peu de tels sacres, à cause des conditions extra-sportives. Je cite l'exemple du Championnat arabe des clubs en 1997 au Liban. Nous nous sommes qualifiés en finale. Face au club local Al Hikma, nous avions pris l'avantage durant les deux premiers quatre-temps, avant de perdre la rencontre lors de sa 2e partie. Que s'est-il passé au juste ? Il y a eu un envahissement de terrain. Le supporters libanais ne s'attendaient pas à ce qu'on prenne de l'avance sur leur équipe, qui était soutenu par des milliers de supporters chauvins. Un incident qui a nécessité l'intervention des forces de l'ordre pour sécuriser la salle. Notre ambassadeur est descendu de la tribune officielle pour venir s'assurer que nous étions protégés. Je me souviens que l'arbitre français m'a dit que c'était impossible de gagner la coupe devant une assistance en ébullition. Vous avez joué aux côtés de vedettes du basket-ball algérien comme les frères Mahnaoui, les frères Chouiha, Yahia Mohamed et d'autres. Quel est le coéquipier avec qui vous aviez une certaine complicité ? C'était Samir Mahnaoui. Il se distinguait par son caractère, son niveau individuel et son style de jeu. Ma relation était aussi très bonne avec tous mes coéquipiers. Je me souviens que nous étions comme une famille au WAB. Cela a été pour beaucoup dans son glorieux parcours. Le WAB est redescendu depuis des années de son nuage, connaissant une traversée du désert. A quoi est due cette terrible régression ? Le club est passé par une période très difficile qui coïncidait avec la baisse du niveau du basket-ball algérien. C'est grâce à sa formation que l'équipe arrive à s'en sortir en championnat de Superdivision. Le problème financier a été pour beaucoup dans la descente aux enfers d'un WAB qui veut retrouver le chemin des consécrations. Votre ancien club n'est pas le seul à souffrir financièrement, vu que le CSK est aussi un club formateur qui n'a pas les moyens financiers pour prendre en charge durant une saison toutes ses catégories... Malheureusement, c'est la réalité amère du terrain. Il est vrai que le football est le sport-roi. A Khemis Miliana, il y a trois clubs de football qui raflent tout. Je n'ai pas pu démarrer cette saison la formation pour le basket-ball féminin à cause du manque de ressources financières. Heureusement que j'ai un staff bien étoffé composé de trois conseillers en basket-ball et sept entraîneurs. Il est temps de penser à ces jeunes qui ont le basket-ball dans le sang en leur donnant un minimum de considération. Nous déboursons de notre poche pour terminer la saison et motiver nos athlètes. L'équipe nationale seniors a arraché une qualification aux quarts de finale de l'Afrobasket 2015 et ainsi enregistré une progression par rapport à l'édition de 2013 en se classant 6e. Comment voyez-vous l'avenir de cette équipe ? Il est clair que cette sélection est en progression. En prévision des prochaines échéances, il faudra penser, au niveau des clubs, à former une bonne relève. L'équipe nationale n'est pas faite pour former les joueurs. Aux éducateurs et aux cadres des DJS de penser à faire passer aux jeunes toutes les étapes de formation. Parfois, nous avons eu sous notre coupe des joueurs très faibles techniquement. Cela est la responsabilité des clubs avant que ce soit celle de l'équipe nationale. Quels sont vos objectifs en tant que formateur ? Je souhaite que le basket-ball algérien retrouve le niveau qu'il avait durant les années 1990. Mon objectif est que le CSK décroche une accession en Superdivision A d'ici quatre saisons. Personnellement, j'ai commencé depuis 2007 un travail avec des jeunes qui ont été promus en seniors. Le manque de moyens ne me fera pas reculer pour offrir à notre sport favori des joueurs complets autant techniquement que physiquement.