Lundi 22 février. Il est 10h. L'accès à l'aéroport international Houari-Boumediène est fluide. Le barrage de police, mis en place à quelques centaines de mètres de l'enceinte aéroportuaire, filtre les véhicules qui sont soumis au détecteur d'explosifs. Selon le chef du barrage, il s'agit du premier cordon sécuritaire. « Le contrôle s'effectue 24h sur 24, d'une façon permanente et rigoureuse. La vigilance est de mise et la sensibilisation des policiers est quotidienne, afin de les responsabiliser davantage », explique la commissaire de police Fadhéla Chekroune, chargée de la formation auprès de la 2e Brigade de police des frontières (BPFA) de l'aéroport Houari-Boumediène. « Les policiers doivent être vigilants. Ils n'ont pas le droit de quitter leur position ou baisser la garde. Ils sont conscients des risques et des menaces », a-t-elle assuré. Ce dispositif est appuyé par la brigade cynophile. Tous les accès à l'aéroport sont hautement surveillés de même pour le parking, où le contrôle des véhicules est permanent, avec le recours également au « Bateau Miroir », un appareil qui permet de tout scanner. Les chauffeurs de taxi activant au niveau du parking sont identifiés par des badges. « On enregistre le contrôle de pas moins de 4.000 véhicules par jour, en dehors de la saison estivale », souligne le chargé de la circulation routière de l'aéroport, le lieutenant Samir Ancer. L'aéroport grouillait de monde en cette journée. De longues files devant les accès. Toute personne se dirigeant vers le hall d'entrée passe sous un premier scanner. Il s'agit d'un PIF (poste d'inspection et de filtrage), a précisé l'officier sur place. « L'aéroport international est doté de 8 PIF au niveau des 4 accès principaux », a-t-il ajouté. En outre, les passagers sont soumis à la fouille corporelle. Le commissaire de police Fadhéla Chekroune a expliqué également que les « pafistes » procèdent à trois contrôles dont le 2e pré-embarquement et le dernier lors de l'embarquement. Dans le hall de l'aéroport, des équipes composées de brigades cynophiles et d'artificiers sont mobilisées pour des patrouilles pédestres. L'équipe est dépêchée dans la totale discrétion en cas de repérage d'un bagage abandonné. Il s'agit de ne pas créer de panique. « Tout policier doit être vigilant pour signaler un bagage abandonné ou un comportement suspect d'un individu sur les lieux », a soutenu Mme Chekroune, qui a insisté sur la complémentarité entre les différents services de police au niveau de l'aéroport, et les opérateurs de la salle de vidéosurveillance. La veille, une femme a été repérée par une policière au niveau du grand hall. Son comportement douteux lui a valu d'être approchée par des policiers. Il s'est avéré que c'est une ressortissante française en visite à Biskra. Mais les services de l'aéroport d'Alger ne comptent pas seulement sur les policiers en tenue réglementaire. Le travail se fait également, discrètement, par des policiers en civil. Leur mission : repérer le moindre mouvement suspect. Sait-on jamais, des éclaireurs peuvent passer pour des accompagnateurs. L'IOSCAN 600, un détecteur de dernière génération Le travail des policiers au niveau de cet aéroport est devenu plus performant suite à l'acquisition de nouveaux moyens de surveillance hautement sophistiqués, à l'exemple de l'EDX (Détecteur scanner explosif). Il a été placé dans le hangar des bagages. « Ces scanners sont équipés d'une technologie qui détecte les matières fiduciaires dans le but de traquer les voyageurs qui cachent des devises pour les transférer illégalement à l'étranger, les cigarettes, les métaux précieux. Le scanner détecte également les matières explosives », a signalé son opérateur. Tous les bagages passent au scanner juste après leur enregistrement. Dernière acquisition : l'IOSCAN 600, un scanner de dernière génération, opérationnel depuis la fin du mois de janvier dernier. Sa spécificité est la détection des traces d'explosifs. « Cet équipement a un rôle très important du fait qu'il détecte toute trace composant des matières explosives à savoir le TNT, les armes ou le baroud, même si la trace remonte à un mois. Il est d'une grande efficacité pour détecter des matières entrant dans la composition d'explosifs », a expliqué le lieutenant de police Harrach. Concernant le contrôle des documents de voyage, et afin d'identifier le vrai du faux, les policiers de la 2e BPFA disposent de bases de données informatiques. Ce qui leur permet de procéder aux opérations de contrôle dès l'atterrissage. La PAF durcit le contrôle des passagers Africains et du Moyen-Orient L'aéroport est également équipé d'une station de police scientifique et technique, qui s'est dotée elle aussi de nouveaux moyens pour lutter contre la criminalité. L'inspecteur de police, Zoubir Toumer, a précisé que la lutte menée contre ce phénomène a été renforcée par la mise en place du système KAFIS, opérationnel depuis le 1er février en cours. « Ce système permet l'identification en temps réel de l'individu soumis au contrôle », signale-t-il. L'inspecteur note que le passage des expulsés est obligatoire par cette station « pour l'identification réelle des migrants qui circulent généralement avec de faux documents ». L'Algérie est devenue un pays d'installation durable ou définitive pour les migrants africains et aussi asiatiques, selon une étude de la Direction de la police des frontières (DPF). L'inspecteur a signalé que l'immigration clandestine n'est pas le seul délit enregistré au niveau de l'aéroport. Il cite les vols, le faux et l'usage de faux, le trafic de stupéfiants, les mouvements illicites de capitaux, le transport d'armes, de métaux précieux, la contrebande, les embarquements clandestins, les atteintes aux biens et aux personnes, dans le hall et le parking. 402 caméras de surveillance En plus des 402 caméras de télésurveillance, installées aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur de l'aéroport, des policiers sillonnent la nouvelle aérogare à longueur de journée. Ils sont plus de 1.800 à veiller à la sécurité des lieux. Pour le chef du poste contrôle de sûreté, le commissaire de police Salim Derriche, les caméras placées dans différents lieux stratégiques permettent d'orienter les équipes mobilisées, le contrôle et le suivi et la sécurisation des personnes, des bagages et du site. « On assure une solution rapide en cas de perte d'objet, de vol ou d'agression notamment au niveau du parking et même à l'intérieur de la salle d'embarquement », a-t-il expliqué. Il cite l'exemple d'un cas d'un vol de téléphone portable dont a été victime un ressortissant égyptien avant l'embarquement. C'est grâce à l'examen de la caméra que l'auteur a été identifié. Il s'agit d'une femme, qui a été interpellée à l'intérieur de l'avion. Les caméras sont implantées même dans le sous-sol et au niveau de la piste et du hangar de fret. PAF : flair, renseignement et technologie Au niveau des guichets de la PAF, les formalités ont été facilitées, selon les témoignages des passagers, mais l'aspect sécuritaire est pris en compte, a insisté le commissaire de police, Fadhéla Chekroune. De ce fait, le service de police de l'aéroport Houari-Boumediène est en vigilance permanente et procède à des nombreux contrôles notamment de prévention. La conjoncture sécuritaire régionale oblige. Ainsi, les pafistes recourent à leur flair, au renseignement et à la technologie, pour déjouer toute action criminelle notamment terroriste. La priorité aujourd'hui est de mettre en échec tout plan qui vise à utiliser l'aéroport international d'Alger comme site d'embarquement de potentiels terroristes vers les fronts syrien, irakien et yéménite via Istanbul. Ainsi, ces destinations sont prises au sérieux par la police des frontières en coordination avec les services de lutte antiterroriste. Les jeunes qui peuvent constituer des recrues potentielles pour Daech et Djabhat Ennosra en Syrie sont dans le viseur des pafistes et contrôlés d'une façon rigoureuse. Dispositif sécuritaire spécial pour les compagnies européennes Par ailleurs, les vols des compagnies aériennes étrangères notamment européennes, sont dotés d'un dispositif sécuritaire spécial, notamment au niveau de la piste lors du décollage et après l'atterrissage, a-t-on constaté sur place. Comme la menace a changé de camp, les services de police des frontières ont renforcé les mesures de surveillance. Des policiers armés de fusils à pompe sont déployés aux alentours de l'avion de la compagnie européenne. Le personnel de l'aéroport, les policiers et l'équipage sont soumis au contrôle ainsi que les passagers. « Il y va de l'image de notre pays », a estimé le coordinateur de la brigade de sécurité des aéronefs, le commissaire de police Meziane Babouche. L'aéroport est une zone hautement sécurisée où l'accès n'est autorisé qu'au personnel exerçant au sein du site et détenant un badge biométrique, qui mentionne l'heure, l'objet et le nombre de déplacements et les destinations de son propriétaire. Il existe 92 accès, dotés de lecteur biométrique, qui exigent une sécurité optimale. Ici, pas de « collègues », toute personne est soumise à un contrôle systématique, y compris le personnel qui est contrôlé même à l'intérieur de la piste. « Ce sont des mesures préventives », signale-t-on.