La cause du peuple sahraoui a encore une fois engrangé de nouveaux soutiens au sein des pays et des structures de l'Union européenne. Première conséquence, le Maroc a annoncé, jeudi dernier, sa décision de suspendre « tout contact » avec l'Union pour protester contre une décision de la justice européenne invalidant un accord agricole conclu avec le royaume au motif qu'il s'appliquait aussi au territoire sahraoui que le Maroc occupe illégalement depuis 1975. « Dans l'attente d'explications et d'assurances nécessaires de la partie européenne », le gouvernement « marocain a décidé de suspendre tout contact avec les institutions européennes, à l'exception des discussions liées » au dossier en question, a fait savoir le porte-parole du gouvernement, Mustapha El Khalfi. Le chef du gouvernement, Abdelilah Benkirane, a indiqué, au cours du conseil des ministres, avoir rencontré le représentant au Maroc de l'UE, Rupert Joy, et lui avoir notifié de sa décision, selon une vidéo postée sur le site officiel du gouvernement. Saisie par le Front Polisario, la Cour de justice de l'UE (CJUE) avait annulé, le 10 décembre dernier, un accord entre l'Union européenne et le Maroc relatif aux mesures de libéralisation réciproques en matière de produits agricoles et de la pêche. La CJUE, qui siège à Luxembourg, a estimé que cet accord ne présentait pas « les garanties nécessaires pour que les ressources de la région du Sahara occidental profitent aux habitants locaux ». Boycott de phosphate en Lituanie Dans le même cadre, la société de production d'engrais Lifosa a décidé de mettre fin à ses importations de phosphate en provenance du Sahara occidental occupé, pour se mettre en conformité au droit international, a annoncé, jeudi dernier, EuroChem, la maison-mère de Lifosa. Cette société « n'a pas l'intention d'acheter du minerai des phosphates du Sahara occidental en 2016, ni dans un avenir prévisible », a écrit le groupe russe EuroChem dans une correspondance adressée à Western Sahara Resource Watch (WSRW). Lifosa était l'un des plus gros importateurs de phosphate provenant du Sahara occidental occupé. Au cours des sept dernières années, la société a commercialisé plus de 2 millions de tonnes de ce produit provenant des territoires sahraouis occupés. Le rapport pour pillage établi en 2014 par WSRW avait classé Lifosa comme le deuxième plus gros importateur du monde en phosphate. WSRW était en contact avec Lifosa et son propriétaire, EuroChem Group, depuis 2010. Les réticences de cette entreprise lituanienne à répondre aux questions de WSRW a entraîné son retrait, en 2011, de la liste des sociétés socialement responsables de l'ONU. Cette liste est tenue par le Pacte mondial, une initiative de l'ONU qui encourage les entreprises à travers le monde à adhérer aux principes de responsabilité sociale des entreprises. Depuis lors, Lifosa et EuroChem ont mené des discussions avec WSRW et ont fini par changer d'attitude concernant les importations du phosphate sahraoui. « Nous félicitons Lifosa de s'être mise en conformité au droit international en mettant fin à ses achats provenant des territoires sahraouis occupés », a déclaré la coordinatrice de WSRW en Lituanie, Sandra Bogdanova. « Le Maroc n'a pas le droit de vendre les ressources naturelles du peuple sahraoui, puisque de telles ventes ne font que prolonger le conflit. Nous sommes sûrs que la décision de Lifosa sera chaleureusement accueillie par le peuple du Sahara occidental », a-t-elle ajouté. Lifosa était le dernier importateur européen de phosphate provenant du Sahara occidental occupé. Avec ce retrait, toutes les expéditions vers l'Europe ont cessé à l'exception d'un seul envoi vers l'Ukraine opéré en 2015.