L'Etat et la société sont appelés à promouvoir le statut officiel de la langue tamazight, reconnue par la nouvelle Constitution adoptée le 7 de ce mois de février, chacun en ce qui le concerne, ont souligné, jeudi dernier, à Tizi Ouzou, des participants à une rencontre sur l'officialisation de cette langue nationale. Intervenant lors de ce rendez-vous organisé à la maison de la culture par l'association locale des enseignants de tamazight, Ramdane Achour, enseignant à l'Université Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou (UMMTO), a indiqué que le rôle de l'Etat est de mettre en place les mécanismes adéquats à la concrétisation du statut officiel de tamazight par la promulgation des lois organiques, nécessaires et la mise sur pied d'institutions compétentes, composées de chercheurs spécialisés en la matière pour sa promotion. L'application de ce statut de langue officielle « exige aussi un travail de longue haleine pour lever certaines contraintes et qui ne sont pas des moindres liées à sa standardisation, son aménagement linguistique et sa transcription », a-t-il observé rappelant qu'un travail a été déjà entamé dans ce sens, notamment par Mouloud Mammeri ainsi que par d'autres universitaires et qu'il faudra poursuivre et approfondir. Abordant le rapport de la société à la langue tamazight, ce même intervenant a observé le recul de l'usage de cette langue y compris au sein même de familles amazighophones. Il a, en outre, mis en garde contre le processus de substitution de mots en tamazight par d'autres empruntés à l'arabe ou au français généralement, processus appelé « code mixing », et qui « représente un danger réel pour l'existence même de cette langue ». A propos du rôle de la société dans la promotion du statut officiel de tamazight, Allaloua Rabhi et son confrère Mohand Akli Sahli, de l'Université de Bejaïa, ont appelé à utiliser cette langue dans les différents domaines, tels que la justice, l'école et l'enseignement supérieur, en invitant les enseignants à enseigner les différentes matières en tamazight. « Il faut travailler pour et en tamazight », a-t-il insisté. S'exprimant à propos de la constitutionnalisation de tamazight langue nationale et officielle, Ramdane Achour a indiqué qu'il s'agit d'un « grand pas en termes de réparation symbolique ». Cette décision, a-t-il poursuivi, « répond aussi au souci de préserver la cohésion sociale et de renforcer l'unité nationale ».