Si la signature de la charte d'éthique du secteur de l'éducation a été un moment euphorique, son application sur le terrain reste mitigée. Le constat, fait dimanche dernier par la ministre de l'Education nationale, est partagé par les partenaires sociaux. Ces derniers accusent les directions de l'éducation ainsi que certains responsables de ne pas jouer le jeu. Le Syndicat national des travailleurs de l'éducation (SNTE) menace de « résilier » le contrat signé le 28 novembre 2015. Son président, Abdelkrim Boudjenah, a indiqué que cette décision a été prise par la majorité des adhérents. « Elle sera rendue publique au plus tard la semaine prochaine à la faveur de la réunion du conseil national », a-t-il révélé. « La mise en place d'un groupe de travail mixte, chargé du suivi de l'application des dispositifs de la charte, ne nous fera pas changer d'avis », a indiqué Boudjenah. Le syndicaliste pointe du doigt des directeurs de l'éducation et la majorité des secrétaires généraux pour leur manque de coopération avec les partenaires sociaux. Selon lui, ces derniers « ne font rien » pour résoudre les problèmes des travailleurs. Même mécontentement chez le SG du Syndicat autonome des travailleurs de l'éducation et de la formation (Satef). « Si les choses restent en l'état, nous ne voyons pas l'intérêt de cette charte », a lâché Boualem Amoura. C'est pourquoi, il s'est dit favorable à la mise en place d'un groupe de suivi qui sera chargé de faire des « évaluations régulières » sur l'exécution sur le terrain des dispositions de la charte. Amoura a soutenu que certains responsables au niveau du ministère et des directeurs d'éducation manquent de volonté dans la mise en œuvre de cette déclaration. Le SG du Satef a fait savoir que des directeurs d'éducation refusent de recevoir les partenaires sociaux bien que les textes de la charte sont clairs sur le sujet stipulant que les portes des directions de l'éducation doivent rester ouvertes aux syndicats. Il a souligné aussi le manque de vulgarisation de la charte auprès des travailleurs du secteur qui ignorent son contenu qui n'est toujours pas affichée au niveau des établissements scolaires. De son côté, le coordinateur national du Syndicat national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Snapest) a mis en avant le manque « flagrant » de vulgarisation de la charte. Meziane Meriane a regretté le fait que le document n'ait pas été remis aux fonctionnaires. Lui aussi accuse les directions de l'éducation de mettre les bâtons dans les roues en « refusant de coopérer » avec les partenaires sociaux. « Les portes de certaines directions nous sont fermées. Il faut que les responsables se débarrassent de leurs vieux réflexes en s'adaptant aux changements qui sont en train de s'opérer dans le secteur », a-t-il souligné.