ALGER (APS) - Les représentants de syndicats autonomes du secteur de l'éducation nationale ont demandé dimanche à Alger la participation de ces syndicats aux réunions de la tripartite (gouvernement-patronnat-UGTA). "Les réformes ne peuvent aboutir sans de véritables réformes sociales et au premier chef l'accès des syndicats autonomes à la tripartite pour négocier avec le gouvernement en tant qu'organisations syndicales représentatives", a indiqué le président de l'Union nationale des personnels de l'éducation et de la formation (UNPEF) Sadek Dziri. M. Dziri s'exprimait dans une déclaration à la presse à l'issue de l'audience accordée par l'Instance de consultations sur les réformes politiques aux représentants de ces syndicats. L'UNPEF, a-t-il dit, a insisté sur le principe de négociation avec la base et le secteur, d'une part, et avec le gouvernement de l'autre. Il a également mis l'accent sur la nécessité de restaurer la confiance entre gouvernants et gouvernés qui est tributaire, selon lui, "de réformes profondes à travers des relations réelles entre les véritables représentants de la société civile et les pouvoirs publics". De son côté, le coordinateur national du Syndicat national indépendant des professionnels de l'enseignement secondaire et technique (SNAPEST) Meziane Meriane a précisé que son syndicat avait avancé des propositions sociales, économiques et culturelles et dans le domaine de la formation. M. Meriane a appelé à la séparation des pouvoirs, à un régime parlementaire en adoptant la dualité du pouvoir exécutif et à des élections législatives "libres et régulières" dans les plus brefs délais. Il a également proposé la limitation des mandats présidentiels à un seul renouvelable une seule fois par un article non amendable de la constitution, ainsi que l'alternance au pouvoir. M. Meriane a demandé l'ouverture de la télévision en tant que média lourd qui traduit les aspirations et les espoirs des citoyens algériens. Il a, par ailleurs, recommandé la formation de l'Algérien pour qu'il soit à la hauteur des défis que rencontre l'Algérie à l'ère de la mondialisation et contribuer à l'édification d'une économie nationale basée sur le savoir. Pour le secrétaire général du syndicat national des travailleurs de l'éducation (SNTE) Abdelkrim Boudjenah, ces consultations sont "une véritable opportunité" pour la société civile afin d'exprimer son avis dans le but de voir ces réformes concrétisées sur le terrain et, partant, créer "une véritable dynamique démocratique" dans le pays, ajoutant que ces réformes permettent de "rattraper les carences relevées" au niveau des différentes lois qui organisent la vie politique. M. Boudjenah a appelé à introduire des "réformes profondes" à la Constitution dans le respect des constantes du peuple algérien pour définir le régime politique sans toucher au caractère républicain de l'Etat et au système démocratique reposant sur le multipartisme, le pluralisme syndical et l'indépendance de la justice. Il a, à cet effet, proposé d'asseoir un régime parlementaire dans lequel le poste de Premier ministre reviendrait à la majorité parlementaire en consacrant le principe de contrôle du pouvoir exécutif par le pouvoir législatif, appelant à la limitation des mandats présidentiels à un seul mandat renouvelable une fois et à l'alternance au pouvoir. M. Boudjenah a également proposé la supervision du processus électoral par la justice à travers des commissions judiciaires indépendantes à tous les niveaux. Concernant le domaine de l'information, il a appelé notamment à garantir la liberté de la presse à travers la levée des "restrictions" liées à l'autorisation de créer de nouveaux journaux et revues, à mettre un terme à la situation de monopole de la publicité publique et à ouvrir les organes de presse aux différentes sensibilités. Il a aussi appelé à relancer le Conseil supérieur de l'information et à ouvrir le champ audiovisuel en vue de la création de chaînes nationales privées conformément à un cahier des charges précis. M. Boudjenah a, par ailleurs, appelé à mettre un terme à la situation de "monopole syndical" à travers la participation de toutes les organisations syndicales aux réunions de la tripartite, la révision des lois régissant les oeuvres sociales dans le secteur de l'Education et l'abrogation des articles criminalisant l'éducateur dans l'exercice de ses fonctions, prévus dans la loi d'orientation du secteur. Le secrétaire général du Syndicat autonome des travailleurs de l'éducation et de la formation (SATEF), M. Boualem Amoura, a, pour sa part, plaidé pour un système éducatif de qualité, soulignant le caractère "stratégique" du secteur de l'Education. Il a aussi appelé à accorder un intérêt particulier à l'enseignement des langues étrangères dans le système éducatif national et à généraliser la langue amazighe. M. Amoura a, par ailleurs, appelé à la dissolution du parlement actuel, à la création d'une assemblée constituante avant fin 2011 et à la limitation des mandats présidentiels à deux mandats au maximum. Les réformes politiques, a-t-il ajouté, doivent être accompagnées de réformes socioéconomiques avec la participation des jeunes et des syndicats. Le SG du SATEF a enfin insisté sur la nécessaire participation des syndicats autonomes aux réunions de la tripartite.