En prévision du sommet de Bruxelles entre l'Union européenne et la Turquie, prévu pour le 7 de ce mois, le président français, François Hollande, a reçu, hier, la chancelière allemande, Angela Merkel, à l'Elysée, pour tenter de s'accorder et trouver des solutions à la crise migratoire qui divise l'Europe et remet en question des sujets sensibles. Surtout après les critiques du Premier ministre français, Manuel Valls, à l'adresse de la chancelière allemande pour sa politique d'ouverture aux réfugiés et sa proposition d'un mécanisme permanent de répartition dans l'UE. Cette divergence de vues n'a pas manqué de creuser l'écart entre les deux pays au sujet de la crise migratoire. Paris et Berlin font le forcing pour parvenir à un consensus et convaincre leurs partenaires afin de trouver une solution à cette crise, sans précédent depuis 1945 et réduisant à néant les conventions des droits de l'homme. Paris et Berlin « déploieront tous leurs efforts » pour acculer la Turquie à tenir ses engagements pour le contrôle de l'accès à son territoire, voie de passage vers la Grèce, la réadmission des migrants irréguliers et la surveillance de ses frontières. Des mesures à mettre en place surtout après les restrictions imposées par certains pays des Balkans. Décision unilatérale, qui n'a pas manqué d'exacerber les tensions au niveau de certaines frontières suscitant la colère des uns et l'indignation des autres. La Turquie, qui s'est vu accorder trois milliards d'euros par l'Union européenne pour améliorer ses structures d'accueil des migrants, est, selon ses donateurs, dans l'obligation d'honorer ses engagements à l'égard de milliers de migrants toujours piégés au niveau des ses frontières. Elle s'est auparavant déclarée en conformité avec le plan d'action conjoint sur les réfugiés qu'elle avait signé avec l'Union européenne. Le Premier ministre turc, Ahmet Davutoglu, a déclaré que son pays continuera à tenir ses engagements. « Ce sont l'UE et la Turquie qui paient le prix. La Turquie et l'UE accordent une grande importance au cessez-le-feu. Malheureusement, les violations fragilisent la trêve », a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse commune avec le président du Conseil européen, Donald Tusk, en visite à Ankara. La Turquie rencontrera après-demain les 28 chefs d'Etat et de gouvernement de l'UE pour un vaste sommet sur la pire crise des réfugiés. Avec plus de 2,5 millions de réfugiés, soit le plus grand nombre dans le monde, la Turquie est l'un des principaux pays de transit pour les réfugiés et les migrants qui veulent entrer en Europe par l'itinéraire de la mer Egée. Une aide européenne inédite de 700 millions d'euros a été dégagée pour aider les Etats membres en première ligne sur la route des migrants qui veulent rejoindre l'Europe du Nord, en particulier la Grèce. Ce pays abrite actuellement 23.000 migrants, dont 10.000 bloqués à la frontière macédonienne. Selon le Haut-Commissariat aux réfugiés, plus de 130.000 migrants ont afflué en Europe depuis début janvier, contre un million en 2015. Chiffres confirmés par l'Organisation internationale de la migration. Elle indique qu'au cours des deux derniers mois, 418 migrants sont morts en mer.