Constituant 90% du territoire national, les régions arides et semi-arides constituent depuis quelque temps l'axe majeur de toutes les stratégies de développement durable. Adopté récemment par le parlement, le SNAT (schéma national d' aménagement du territoire) accorde à ces zones, pouvant être un facteur déterminant pour le développement du pays,un intérêt accru, étant donné l'immensité, la richesse et la diversité des écosystèmes. Invitée jeudi dernier, sur les ondes de la chaîne III, Mme Fettoum Lakhdari, directrice du centre scientifique et technique des zones arides estime qu'il est nécessaire d'accorder à ces régions l'intérêt qu'elles requièrent, les régions du nord étant saturées. Selon l'invitée de la rédaction, il est temps de s'occuper de ces zones tant délaissées. Elle reconnaît d'ailleurs qu'il est impératif de fixer les populations. Ce qui n'est guère aisé vu la précarité prévalant dans certaines régions. « Si on veut réellement inverser le mouvement migratoire, il faut redoubler d'efforts pour rendre les zones arides et semi-arides plus attrayantes. Cela implique une amélioration du cadre de vie, en leur consacrant tous les moyens matériels et humains pour le développement de l'agriculture, la santé publique, les écoles, les moyens de communication…» a-t-elle souligné. Selon Mme Lakhdari, pour qu'il y ait répartition équilibrée des populations, il faudrait également un répartition équilibrée du développement. Elle insiste sur le redéploiement des populations entre les régions du nord, les hauts plateaux et le sud. «Nous devons être vigilants sur tous les plans pour qu'il y ait un développement harmonieux. Il faut encourager la création de PME/PMI liées aux secteurs porteurs. L'essentiel est de ne pas reproduire les précédents schémas et avoir une vision sur l'arrière pays » a-t-elle souligné. Le centre élabore conformément aux mesures gouvernementales une cartographie pour l'identification des zones de mise en valeur. L'élaboration se fait par région. Pour le centre de recherche que dirige Mme Lakhdari, l'urgence consiste en la mise en place d'un modèle de gestion pour la mise en valeur au niveau des sols salés. Dans les Zibans, les chercheurs spécialisés ont cartographié toutes les zones où ils peuvent développer la phœniciculture. Selon cette scientifique, à travers le monde entier, le succès de toutes les cultures dans les régions arides repose sur la maîtrise du paramètre irrigation-drainage. Spécialisé dans le développement des outils d'aide à la décision et l'élaboration des normes en matière d'irrigation, de fertilisation puisqu'il s'agit de régions dont le sol est fragile, le centre plaide l'application d'une monoculture. Une orientation qui risque de coûter cher, en termes de potentiel génétique.Pour le cas de l'Algérie, le modèle oasien peut constituer un atout majeur pour le développement durable. « Les conditions naturelles sont certes difficiles, nos ancêtres ont bien vécu dans ces espaces, il suffit seulement d'y mettre un peu d'ingéniosité », a-t-elle reconnu, rappelant que le développement durable sur le plan agricole est basé sur une utilisation rationnelle de la ressource hydrique. Evoquant les cultures à favoriser dans la région, l'intervenante ne manque pas de citer la phœniciculture, notamment l'espèce performante qu'est le palmier dattier qui a favorisé la culture de plusieurs autres espèces plus délicates, fruitières, maraîchères, céréalières. Le nombre de palmiers cultivables en Algérie est très important. « Avec un tel panel, l'Algérie peut tenir le marché international de la datte. Ce qui n'est pas le cas aujourd'hui », a-t-elle déploré. Il y a des cultures à valoriser ; celles qu'on appelle cultures à valeur ajoutée, à l'exemple de l'anis, de la coriandre, nigelle, fenugrec carthame coriandre. Elles sont importantes parce qu'elles occupent peu de superficie, peu d'intrants chimiques mais elles sont prisées aussi bien sur le marché national qu'international.