L'aventure a commencé vers 7h du matin. L'agence de voyages en charge de l'échappée a entassé des dizaines de personnes dans quatre bus, certains étaient même debout. La plupart a témoigné avoir tenté l'expérience durant la même période de par le passé, d'autres se réjouissent de la vivre pour la première fois. L'émotion est à son comble : on se prépare à « affronter » une randonnée pédestre en montagne. Depuis la place du 1er-Mai à Alger, jusqu'à El Adjiba dans la wilaya de Bouira, deux heures se sont écoulées. Une halte de dix minutes a été marquée pour s'approvisionner en eau. Certains se sont même permis un déjeuner quand d'autres ont préféré s'acheter des friandises pour le reste de la journée. La montée vers les cols de Tikjda a commencé. Une ambiance conviviale régnait jusqu'à ce qu'un embouteillage surprenne le convoi à l'entrée du complexe. Les animateurs de l'agence ont conseillé aux familles de se préparer à descendre et de remballer leurs affaires. Les enfants, excités, se renvoyaient les ballons qu'on leur a gonflés au premier arrêt. Il était temps de quitter les autocars. Devant le complexe, les promeneurs se sont regroupés pour former une seule et longue file. Destination : les sommets. Des jeunes, faisant partie des participants, ont amené tambours et derboukas pour animer la procession. Le paysage se dessinait déjà dès l'arrivée. Une fois à pied, l'éblouissement se lisait sur les visages des enfants joyaux. Les parents, par contre, étaient anxieux à l'idée d'affronter cette épreuve à leurs côtés. L'endroit grouillait de monde. Un vendredi ensoleillé au mois de mars. Cette destination pour certains était évidente. Des enfants descendaient des voitures, avant même que les parents aient stationné leurs véhicules. D'autres se précipitaient aussitôt vers le virage qu'ils venaient de franchir pour admirer la vue de plus près. Parmi le groupe venu avec l'agence de voyages, Amira, une jeune maman accompagnée de son fils de 9 ans. Elle n'a pas remis les pieds dans la région depuis une vingtaine d'années. Elle était venue une ou deux fois avec ses parents, durant son jeune âge. Des souvenirs resurgissent, elle était émue. Nacereddine, un jeune de 25 ans, était présent, quant à lui, le week-end passé. Aux côtés des personnes rassemblées, il racontait son aventure qu'il veut revivre une fois de plus. Impatients, certains se retirent du groupe pour entamer la marche et découvrir la beauté de la contrée. Après avoir constaté que tout le monde était devant le complexe, la randonné commence. Trois heures de marche séparent le parking du sommet de Tikjda. Cascades, selfies et barbe à papa A peine quelques mètres de marche, le panorama commence à se dessiner. La brume du matin enjolive la vue, embellie par quelques chutes de neige sur les hauts sommets. Il y faisait moyennement frais, 16 degrés tout au plus. Après vingt minutes de marche, un murmure. A mesure que le groupe avançait, le chuintement devenait de plus en plus fort. Des cascades. L'endroit est fort apprécié des touristes. Certains disent que pour vivre le dépaysement dans ces montagnes, il faut passer par ces chutes. Une eau fraîche et rafraîchissante sortie des entrailles de la montagne. Quelques gorgées du liquide cristallin, histoire d'apprécier encore plus l'endroit. Encore quelques heures de marche pour parvenir au sommet. Les excursionnistes ont marqué des haltes à plusieurs reprises pour immortaliser cette randonnée : photos en famille, en groupe ou des selfies. Les axes de prises changeaient à chaque pas. Plus on s'approchait des hauteurs, plus la neige envahissait les lieux. A environ 1000 mètres, la poudreuse a complètement pris possession des parages. Un manteau blanc qui drape les pinacles de la montagne. Des parents offrent des séances de jeux de luge à leurs enfants, dans des espaces aménagés. D'autres ont marqué un temps d'arrêt pour savourer des barbes à papa ou siroter un thé. Les jeunes animateurs encourageaient les marcheurs, plus que dix minutes pour parvenir à destination. Les enfants, presque épuisés par la marche, redoublent d'efforts pour découvrir la face cachée de la montagne. Les joueurs de tambour et de derbouka commencent leur spectacle, annonçant l'arrivée au sommet. Les marcheurs découvrent que plusieurs familles, des jeunes et des moins jeunes, occupent déjà la place. Les familles préféraient les lieux plats tandis que les jeunes se regroupaient sur les rochers des hauteurs. Il était une heure de l'après-midi. Le groupe de randonneurs se rassemble autour des animateurs pour se mettre d'accord sur l'organisation, définir un endroit de retrouvailles pour ceux qui veulent partir découvrir les alentours, donner des consignes pour les amateurs de randonnées en solitaire et fixer l'heure du retour. D'autres préfèrent la vaste étendue du gazon qui reverdit après la fonte de la neige. Khalti Karima, la plus âgée du groupe, prend place au centre. Elle avait fait connaissance avec les familles au cours du trajet. C'est d'ailleurs elle qui raconte des anecdotes et des histoires de son passé aux jeunes. Le déjeuner est pris sous un ciel ensoleillé, face à une légion de reliefs des cols du Djurdjura. Khalti Karima a même préparé des galettes pour tout le monde, elle qui a l'habitude de solliciter l'agence de voyages. « C'est un plaisir de contribuer à la joie de tout randonneur », lance-t-elle en distribuant ses galettes. Après le déjeuner, place aux traditionnelles batailles de boules de neige. Entre familles ou entre jeunes. Des groupes étrangers à l'excursion se sont même laissés aller en se joignant à cette liesse. De l'autre côté de la colline, un autre groupe de randonneurs était venu, dans le même esprit convivial et familier pour profiter de la fin de l'hiver. L'aventure arrive à sa fin, à 16h passées, tout le monde rebrousse chemin, descendant en file indienne. Les sentiers menant au complexe grouillait de monde. Il était temps de rentrer. Les jeunes munis de tambours encouragent encore une fois randonneurs. Les bavardages ont redoublé contrairement à la montée. Des affinités se sont nouées au cours de l'excursion. Pour certains, l'expérience est à revivre, au moins une fois par an, pour aller découvrir aussi d'autres monts inexplorés de Tikjda.