La dynamique enclenchée dans le monde arabe par la révolution du Jasmin continue. Les citoyens, notamment les jeunes, qui manifestent dans la rue, ne réclament plus seulement leurs droits sociaux et économiques. Ils exigent aussi leurs droits politiques. Ici et maintenant. «Ce qui s'est produit en Tunisie a brisé l'étau de la peur et a montré qu'il était possible avec une vitesse surprenante de renverser un régime», explique Bourhan Ghalioun, le directeur du Centre d'Etudes sur l'Orient contemporain, Paris, prenant le soin d'exclure toute «contagion mécanique». «Aucun processus de changement ne ressemblera à un autre», dit-il. L'Egypte connaît depuis mardi les protestations les plus importantes depuis 1981, année de l'arrivée au pouvoir du président Hosni Moubarak. La Jordanie, l'autre pays arabe signataire des accords de paix avec Israël, est secouée par des manifestations sociales. Comme au Caire, les Frères musulmans, sont en première ligne, à Amman où le Roi a promis «d'aller de l'avant» dans les réformes politiques et économiques. Cette fièvre arabe surmédiatisée, gagne même le lointain Yémen, un des pays les plus pauvres du monde et de surcroit menacé par une sécession et une guérilla. Des milliers de personnes ont manifesté jeudi dernier pour réclamer le départ du président Ali Abdallah Saleh, au pouvoir depuis 32 ans. Les concessions faites par certains et les réformes promises par d'autres seront-elles suffisantes ?