Compte tenu du déficit budgétaire enregistré par l'Algérie, le recours à l'endettement intérieur et même extérieur serait inévitable mais souhaitable aussi, selon le Fonds monétaire international. Dans une conférence de presse organisée, hier, à l'hôtel El Djazaïr, le chef de cette mission, Jean-François Dauphin, a assuré que l'Etat algérien a une palette d'outils à sa disposition pour financer son déficit. « L'endettement intérieur peut combler ce déficit budgétaire tout en développant les marchés de capitaux et le secteur privé. Cela dit, si on reportait l'essentiel du financement du déficit sur les ressources intérieures, on risque ce qu'on appelle l'effet d'éviction. On risque, en fait, de prendre plus de ressources que nécessaire en laissant peu de place pour le secteur économique qui a besoin aussi de se développer », indique-t-il. Or, selon lui, l'endettement extérieur réduit cet effet d'éviction, d'où son utilité. Faire appel à ce type d'endettement assure, en outre, une rentrée en devises pour le pays et renforce ses resserves. « Cet endettement est souhaitable d'autant plus que la dette extérieure de l'Algérie est très faible », précise-t-il. Le représentant du FMI recommande, dans ce contexte, une autre source de financement : la cession d'actifs. Il affirme, à ce propos, que l'ouverture du capital des entreprises publiques, voire la privatisation complète de certaines d'entre elles, peut compléter la palette de financement. « Développer également les marchés des capitaux, y compris la bourse tout en améliorant la gouvernance des entreprises », dit-il. Concernant les réformes entreprises par l'Etat pour faire face à la crise, il estime qu'elles sont nécessaires pour atteindre l'ajustement budgétaire. « L'Algérie peut effectuer cet ajustement d'une façon progressive vu qu'elle dispose d'une marge de manœuvre importante. Des réserves confortables notamment et un endettement très faible. Les réformes mises en œuvre vont dans la bonne direction », relève-t-il, en signalant que le budget 2016 de l'Algérie s'inscrit dans une trajectoire de consolidation et de libération du potentiel de croissance économique, privée surtout, avec la réduction la dépendance aux hydrocarbures. Il a signalé que pour équilibrer le déficit actuel, le prix du baril de pétrole devra atteindre les 110 dollars. Le représentant du FMI a appelé à l'assouplissement d'une façon structurée de la règle 51/49 pour faciliter les investissements et développer les exportations. Il recommande, toujours dans ce registre, d'élargir l'assiette fiscale et revoir l'efficacité des systèmes d'exonération. « Modérer aussi les dépenses de fonctionnement et diminuer les dépenses de capital qui ont beaucoup augmenté ces derniers temps. Lutter aussi contre l'informel et l'évasion fiscale. Il faudra penser à inciter les travailleurs à rester dans le formel pour bénéficier, par exemple, de la couverture sociale. Leur faire part aussi du coût social de l'informel. Leur expliquer que fuir les impôts nuit aux capacités de l'Etat à répondre aux besoins des citoyens. Mettre aussi en place un système de sanctions dissuasif contre les travailleurs informel », préconise-t-il. Il a recommandé également de poursuivre la réforme du système de subvention qui est, selon lui, antisocial car il profite plus aux ménages riches qu'aux ménages pauvres. « Les subventions sont extrêmement onéreuse. En 2015, leur coût équivalait les recettes fiscales. Il faudra donc poursuivre la réforme du système de subvention dans une action qui cible directement les ménages les plus pauvres », recommandera-t-il.