L'ampleur de la dette publique des sept pays les plus industrialisés (G7) suscite de grandes inquiétudes du Fonds monétaire international (FMI) qui les appelle à déployer des efforts à long terme pour maîtriser leur endettement. La gravité de cette situation a amené l'institution de Bretton Woods à élaborer trois rapports, publiés mercredi à Wahington, dans lesquels elle recommande aux pays du G7 l'engagement de réformes à long terme afin de réduire les niveaux de la dette publique et d'assurer la viabilité budgétaire au cours des décennies à venir. Pour protéger la fragile reprise économique, soutenir la croissance et la création d'emplois et rassurer les marchés des capitaux, les plans d'ajustement budgétaire doivent être clairement définis mais dans une perspective à moyen terme plutôt que dans l'objectif de gains immédiats, recommande le Fonds. Pour le directeur du Département des finances publiques du FMI, Carlo Cottarelli, ''le niveau de la dette publique dans les économies avancées a atteint des sommets rarement observés en l'absence de conflit majeur'', précisant que l'endettement des administrations publiques dans ces pays a bondi de 78 % du produit intérieur brut (PIB) en 2007 à 97 % du PIB en 2009 et, d'après les projections, il devrait grimper à 115 % du PIB en 2015. ''Ce fort endettement est imputable non seulement à la crise financière mais aussi aux politiques budgétaires malheureuses de ces dernières décennies: les chiffres de la dette se sont envolés en période de récession sans pour autant chuter au cours des années prospères. La situation est d'autant plus complexe que le vieillissement des sociétés et le réchauffement climatique exercent des pressions additionnelles sur les finances publiques. Des réformes budgétaires à long terme sont devenues indispensables pour garantir une amélioration progressive mais soutenue des positions débitrices au cours des prochaines décennies'', a-t-il ajouté. Les économies les plus endettées se rapprochent d'un ''seuil limite'' au-delà duquel leur situation budgétaire peut devenir intenable. ''Ce seuil n'est pas gravé dans le marbre mais il signifie que pour rétablir la viabilité, il sera nécessaire de modifier radicalement les comportements du passé. En d'autres mots, le maintien du statu quo n'est pas de mise'', a averti, de son coté, le directeur adjoint du Département des études du FMI, Jonathan D. Ostry. ''Il serait souhaitable que les pays visent un niveau d'endettement bien inférieur à leurs plafonds d'endettement car il est peu vraisemblable qu'ils seront avertis qu'une hausse brutale des coûts d'emprunt est imminente ou que l'accès aux marchés risque d'être barré lorsque la dette augmente ou lorsque les risques budgétaires ou la fiabilité des données budgétaires ne sont plus perçus de la même manière'', a avancé M. Ostry. L'un des trois rapports publiés par les services du FMI, intitulé ''Tendances à long terme des finances publiques dans les économies du G7'', se penche sur l'évolution des niveaux de la dette publique dans la plupart des économies développées au cours des décennies qui ont précédé la récente crise, examine l'emballement de la dette pendant la crise et évalue les perspectives de réduction des ratios d'endettement dans les années à venir. Au-delà de la crise de 2008-2009, l'endettement des pays avancés est révélateur d'une tendance persistante à la hausse des ratios d'endettement depuis 1974 en raison notamment des dépenses croissantes dans les secteurs de la santé et des retraites. Pour éviter de compromettre la fragile reprise économique tout en rassurant les marchés de capitaux, la politique budgétaire doit être clairement définie et miser sur un ajustement progressif mais régulier à moyen terme plutôt qu'uniquement sur un resserrement à court terme, note-t-il. L'autre rapport, intitulé ''Espace budgétaire'', étudie la viabilité de la dette dans toute une série d'économies avancées et évalue la marge de manœuvre dont disposent les gouvernements avant que les marchés ne les contraignent à donner un tour de vis à leur politique budgétaire. L'espace budgétaire, c'est-à-dire l'écart entre les niveaux actuels d'endettement et le seuil au-delà duquel la dette d'un pays devient intenable, est extrêmement limité dans certains pays alors que d'autres ont les coudées beaucoup plus franches pour faire face à des chocs inattendus. Dans le premier groupe il faut, pour rétablir la viabilité, rompre radicalement avec les schémas habituels d'ajustement budgétaire. L'analyse insiste sur le fait qu'il est important de préserver un large espace budgétaire car on ne sait pas exactement où se situe la limite d'endettement. Quant au troisième rapport, intitulé ''Défaillance dans les économies avancées d'aujourd'hui : inutile, indésirable et improbable'', il examine les récentes spéculations des acteurs du marché et des commentateurs qui avancent qu'une détérioration des finances publiques pourrait mener certains pays avancés à un défaut de paiement de leur dette, en particulier certains pays européens ''périphériques'' . La note juge que le risque de restructuration de la dette est actuellement très surestimé et explique qu'au cours de ces dernières décennies, ce sont les coûts incontrôlables du service de la dette qui ont empêché les marchés émergents, principalement, de rembourser leur dette alors qu'aujourd'hui, ce sont les importants déficits primaires qui pèsent lourdement sur les pays avancés qui constituent le plus gros défi. La dette publique des pays avancés au début de la crise était assortie de longues échéances, ce qui a permis une relative maîtrise du service de leur dette: le problème n'est pas le fardeau de la dette, mais le déficit primaire, souligne le FMI qui conclut que le non-remboursement de la dette n'apportera rien à ces pays.