Organisée à Alger, par la Fondation Mouloud Feraoun, avec le concours de l'établissement Arts et Culture de la wilaya d'Alger, la commémoration de la mort de Mouloud Feraoun a permis à la fille de l'écrivain de revenir, textes à l'appui, sur l'importance accordée par l'auteur du « Fils du pauvre » à la femme en général, à celles de Kabylie en particulier. Fazia Feraoun a d'abord parlé d'un père qui a traité ses enfants - quatre filles et trois garçons - sur un pied d'égalité. Cela se passait dans une société traditionnelle et à une époque où la primauté du « sexe fort » était quasi sacrée. « Mon père a bravé l'opposition de ses parents pour scolariser sa fille ainée dans une classe de garçons. Il donnait des cours à sa femme », témoigne l'oratrice. « Il avait créé aussi une classe de jeunes filles lors de l'ouverture d'un collège à Larbâa Nath irathen (ex-Fort National) », a-t-elle ajouté. Sur le plan littéraire, l'engagement pour l'émancipation de la femme est presque une doctrine pour le grand homme de lettres. Les personnages féminins pullulent dans la plupart de ses romans, notamment « Jours de Kabylie », « Les Chemins qui montent » et « Le Fils du pauvre ». Qui peut oublier les figures de Dahbia ou celles de Kamouma , Chabha et Marie dans « La terre et le sang » ? Dans toute son œuvre, il plaidait pour la réhabilitation de la femme en exprimant son opposition à la place secondaire qu'elle occupait sur l'échiquier social. Il dépeignait une société où elle aimait, intriguait ou soutenait l'homme. Toute une palette de sentiments admirablement transcrits par un homme qui connaissait sa société de l'intérieur. « Mon père militait pour rendre la dignité à la femme en insistant sur le rôle qu'elle occupait au sein de la structure sociale, comme mère, sœur, tante, cousine, amie... », souligne-t-elle. Elle a évoqué les nombreuses pages écrites pour mettre en valeur le travail féminin (métier à tisser, poterie...). Les personnages de Khalti et de Nana restent ancrés dans l'esprit de nombreux lecteurs.