Valise blanche en main, une Parisienne accrochée à son bras, Amar Ou kaci revient de son exil français pour retrouver Ighil Nezman, son village natal, en Kabylie, appelé par le lien de la terre et du sang. Il laisse derrière lui un cousin, Rabah, enterré dans l'exil. Amar retrouve sa vieille mère, Kamouma, qui a survécu à la famine après avoir perdu son époux. La vieille femme, en plus de s'accommoder avec une statuette nue apportée dans les bagages de la Parisienne, tente d'adopter sa bru «aux pieds de biche», tant qu'il y a espoir que Marie la rende un jour grand-mère. C'est que Kamouma a une exigence. «Je veux un enfant», répète-t-elle. Amar Ou Kaci retrouve Ighil Nezman avec sa tajmaât, son cimetière, ses pratiques coutumières et ses souvenirs. Chabha, son amour d'avant l'exil, est mariée à Slimane, le frère du cousin dont on endosse la mort à Amar. Slimane jure vengeance. Sa volonté est attisée par la flamme d'amour que sa femme, Chabha Ou Ramdane, et Amar se déclarent. Le «scandale» se répand dans toute tadart et on fait parler le nif, l'honneur. Ni terre ni sang. Amar Ou Kaci, après avoir perdu la terre, dont il espérait hériter et revenant à Hocine At Larbi, est mort aux côtés de son oncle-ennemi, Slimane. Au pied des corps sans vie des deux hommes, Kamouma, Chabha et Marie pleurent leur destin. Adapté du roman éponyme de Mouloud Feraoun (1913-1962), écrit en 1953, La Terre et le sang a été joué dans la soirée du 31 octobre au 1er novembre, dans le cadre du Festival international du théâtre de Béjaïa, par la troupe du théâtre régional de Tizi Ouzou. Traduite en kabyle par Mohand Aït Ighil, la pièce a été mise en scène par Omar Fetmouche qui, par souci de fidélité, a mis dans la voix d'un narrateur des passages puisés dans le roman. Fetmouche compte à son actif une dizaine d'adaptations d'œuvres littéraires : La Cité du soleil de Mouloud Maâmeri, Nedjma et Le Vautour, poème de Kateb Yacine, Le Fleuve détourné de Rachid Mimouni et Les Vigiles de Tahar Djaout. La dernière adaptation avant le roman de Feraoun est Tametut nni adaptée de Ountha essarab (femme mirage) de Waciny Laâredj, avec un angle d'attaque qui diffère de Imraâ min waraq (une femme de papier), l'adaptation de Mourad Senouci.