« La fête de la victoire constitue le couronnement d'un long combat sans relâche que le peuple algérien a mené depuis que les pieds « souillés » de l'ennemi colonial ont franchi notre noble terre », a indiqué, jeudi dernier, l'historien Madini Bachir, au forum de la Sûreté nationale. L'entame des négociations autour de l'indépendance n'a pas été le fait de hasard, mais le fruit d'une grande révolution. Le groupe des 22 a défrayé la chronique en mobilisant les Algériens autour d'une même cause, celle de vouloir faire sortir l'ennemi par la puissance militaire car convaincu que « ce qui a été confisqué par la force n'est récupérable que par la force ». Les premiers contacts ont débuté en avril 1956. Abane Ramdane a été délégué pour entamer des négociations préliminaires avec la France coloniale. La partie française avait pour but de prendre le pouls de la guerre de libération et de connaître son vis-à-vis, devenu plus fort suite au congrès de la Soummam ayant doté la révolution d'organes de décision. Ce rapprochement n'était pas fortuit. L'ennemi avait commencé à ressentir les effets de la révolution puisque huit gouvernements avaient chuté successivement. Ce qui a obligé le général de Gaulle à favoriser la solution politique. En 1960, il avait reconnu pour la première fois qu'il faudrait s'asseoir autour d'une table en vue de discuter de la question algéro-algérienne. Du 20 mai 1961 au 13 juin de la même année 1960, neuf rencontres ont été organisées entres les deux parties en guerre. Points de discorde. De Gaulle voulait impliquer certaines parties algériennes dans les négociations mais du côté algérien, le choix a été porté sur le GPRA en tant que représentant du peuple algérien. La France coloniale avait exigé également la séparation du grand sud du conflit. Elle avait également imposé des garanties aux minorités françaises. La partie algérienne avait rejeté en bloc ces exigences jusqu'à ce qu'elle réussisse à faire valoir sa position lors des accords d'Evian ayant débuté le 8 mars. Au bout de neuf rencontres, l'ultime accord fut signé par Krim Belkacem, relate Madini. En marge de cette rencontre, il a tenu à clarifier à la presse que contrairement à ce qui se dit çà et là, « il n'existe aucune clause secrète » entre l'Algérie et la France dans le cadre des accords d'Evian. « Il n'y a aucune clause secrète dans les accords d'Evian. Rédha Malek a expliqué à plusieurs reprises que le maintien de certains aérodromes et installations militaires telle la base de Mers El-Kébir après l'indépendance est prévu dans les clauses des accords d'Evian. La récupération par l'Etat algérien de ces installations militaires comme la base de Mers El-Kébir en mars 1968 et le non-respect de certaines clauses des accords étaient une nécessité imposée par les dépassements commis par les autorités françaises », affirme-t-il. Invité à donner son avis concernant le parcours de Mesali El Hadj, Madini a reconnu qu'il avait bel et bien commis des erreurs, mais qu'il n'a rien d'un traître. En ce qui concerne l'écriture de l'histoire, il a laissé entendre que l'objectivité est relative dans ce sens, car beaucoup de faits historiques ont été accomplis durant la guerre de libération. D'où la difficulté de les relayer objectivement. D'après lui, certaines œuvres écrites par des étrangers sont sans fondement.