Photo : Archives. Pourvoyeur d'emploi, le secteur du cuir et du textile sera prochainement réhabilité. Un plan de restructuration est en élaboration. Le gouvernement a décidé de relancer cette activité qui employait, il y a une vingtaine d'années, 200.000 employés, dont la majorité des ateliers étaient implantés dans les zones enclavées du pays. Aujourd'hui, les effectifs ont sensiblement baissé ( 15.000 travailleurs). Plusieurs raisons sont à l'origine de la détérioration de cette richesse, notamment la situation sécuritaire prévalant dans les années 90, la défaillance des plans d'ajustement structurel engendrant la fermeture de plusieurs entreprises. En dépit de tout, une cinquantaine d'entreprises du textile, de l'habillement ont réussi à se maintenir dans 27 wilayas du pays. Intervenant hier sur les ondes de la Chaîne III, le secrétaire général de la fédération des cuir et textile de l'UGTA M, Tahar Takdjout, a souligné que ce plan ambitieux permettra de rattraper les retards accusés. « C'est difficile mais c'est possible. L'Algérie a beaucoup perdu dans le domaine. Il va falloir aller plus loin et expliquer la teneur de ce plan», a souligné l'invité de la rédaction, regrettant sur sa lancée que le plan de restructuration initié par les pouvoirs publics, ne soit pas soumis aux principaux concernés, le syndicat en premier lieu. La récupération des structures exi tantes, notamment les tanneries menacées de fermeture, l'investisse- ment, la facilitation des crédits bancaires, pour l'achat des matières premières, l'assainissement de la situation financière de certaines entreprises … sont inscrits au programme de réhabilitation en question. De même pour certaines questions étant en suspens pendant des années, telle la culture du coton, la fibre synthétique et le tissu éponge. Selon M. Takdjout, il y a de grandes possibilités, il suffit seulement de faire preuve d'imagination et d'ingéniosité. Il met l'accent sur la qualification. «Nous avons beaucoup perdu. Il faut faire appel aux anciens de ce secteur. Cette activité a besoin de maintenir cette qualification. Aujourd'hui, former un ingénieur, nécessite trois années», a-t-il souligné, estimant qu'assurer une relève nécessite des années. L'Algérie représente aujourd'hui moins de 10% de la réalité du marché qui représente aujourd'hui 400 millions de mètres linéaires. «La consommation nationale du textile est estimée aujourd'hui à 2 milliards de dollars. Tout est importé», a regretté l'invité de la rédaction. Evoquant les erreurs commises par le passé, M. Takdjout souligne que cette industrie a été mal préparée à l'ouverture du marché. «Il fallait mettre à niveau les entreprises. Le moment est donc venu pour mettre de l'ordre dans ce secteur», a-t-il ajouté relevant les possibilités et atouts de l'Algérie. Le secteur travaille uniquement avec quelques institutions et marchés publics. Plusieurs marchés, publics surtout échappent aux entreprises algériennes de confection. La récupération des marchés ou contrats avec les secteurs de l'enseignement supérieur qui comptent 400.000 lits au niveau des campus universitaires, de l'éducation pour la confection de tabliers d'écoliers et même de l'armée, favorisera un recrutement massif. Le effectifs pourront s'élever à 30.000 travailleurs. Des parts du marché de la chaussure peuvent aussi être récupérées. Selon M. Takdjout pas moins de 60 millions de paires de chaussures sont commercialisées sur le marché algérien. Un million seulement est fabriqué localement. C'est dire le retard à rattraper et le déficit à combler. Créateur d'emplois, le secteur, une fois restructuré, favorisera l'émergence de la micro et petite entreprise. L'intervenant se réfère à certaines expériences européennes. «C'est le seul moyen pour pouvoir réduire la facture de l'importation. Pour y parvenir, il est impératif d'organiser des assises nationales, regroupant tous les opérateurs publics et privés intervenant dans cette industrie. Au sujet des exportations frauduleuses du cuir, l'invité de la rédaction estime qu'elles constituent une perte pour l'Algérie. «Une mission économique italienne a fait état d'une opération d'importation de cuir de 6 millions de dollars qui ne figure pas dans les chiffres officiels», a regretté M. Takdjout.