Une cinquantaine de dirigeants étrangers, dont plusieurs chefs d'Etat européens, africains et arabes, ont participé, hier après-midi, à Paris, sous un froid soleil d'hiver et sous haute surveillance (5.500 policiers), à une marche de la Place de la République à la Nation en passant par le boulevard Voltaire (3 kilomètres). Ramtane Lamamra, le ministre a des Affaires étrangères, a représenté l'Algérie à cette marche. Pour rendre hommage aux 17 victimes de la barbarie, dont 12 de Charlie Hebdo, un hebdomadaire satirique, une marée humaine, plus d'un million selon les organisateurs, des millions selon le Premier ministre Manuel Valls, a déferlé sur Paris, hissée « capitale du monde » contre le terrorisme et pour la liberté. Parmi les slogans les plus scandés : « Liberté, égalité, dessinez, écrivez », « Je suis musulman mais pas terroriste » et « Je suis Charlie ». Outre cette marche ouverte par les familles des victimes suivies des dirigeants étrangers et des personnalités politiques françaises, de nombreux défilés et rassemblements contre le terrorisme ont réuni dans la matinée, plus de 600.000 personnes dans les villes françaises. Samedi, 750.000 personnes ont manifesté dans l'Hexagone. Fait notoire, les familles des auteurs des trois actes ont condamné publiquement les attentats. Elles ont aussi émis un souhait : qu'il n'y aura pas d'amalgame entre ces actes odieux et la religion musulmane. « Les terroristes veulent parler au nom de l'islam, qu'ils défigurent, (...) la religion des terroristes, ça n'est pas l'islam, leur seule religion c'est la barbarie », déclare au Grand rendez-vous Europe 1-Le Monde-iTélé, Laurent Fabius, le ministre français des Affaires étrangères. La France qui a vécu mercredi dernier un drame « aussi choquant que le 11 septembre pour les Etats Unis » dixit François Bayrou, l'ancien candidat à l'Elysée, est quasiment certaine que « plus rien ne sera comme avant » et qu'elle « n'en a pas terminé avec les menaces ». Bernard Cazeneuve, son ministre de l'Intérieur, se tourne vers ses homologues étrangers pour leur rappeler que « le phénomène du terrorisme ne fait pas de distinction entre les continents » et « nous concerne tous ». Aux Européens, il demande de plancher sur les moyens de « contrecarrer les déplacements d'éventuels terroristes » et d'« éliminer les facteurs et vecteurs de radicalisation, notamment sur Internet ». Des centaines de personnes se sont, par ailleurs, rassemblées hier dans le centre de la capitale espagnole déployant un grand drapeau français et des pancartes « Je suis Charlie » première d'une longue série de manifestations dans le monde en solidarité avec la France. A l'appel de la Fondation pour la culture arabe en Espagne, plus de 50 mosquées et associations musulmanes ont participé à ce rassemblement. Londres, Berlin, Vienne, Lisbonne, Bruxelles, Lausanne, Stockholm, Athènes, Washington, Montréal, Ottawa et Vancouver ont manifesté dans la soirée. Tous ou presque sont convaincus qu'il faut se préparer à une « menace terroriste » qui est, selon le Premier ministre britannique David Cameron, « présente depuis de nombreuses années et le sera pour encore beaucoup d'années ».