Photo: Horizons. Les travaux du 16e sommet de l'Union africaine ont commencé hier à Addis-Abeba, sous la direction du président équato-guinéen, Teodoro Obiang Nguema. Ils prendront fin aujourd'hui. Parmi les dossiers soumis à l'examen des 34 chefs d'Etat présents, dont Abdelaziz Bouteflika représenté par Mourad Medelci, le ministre des Affaires étrangères : la crise ivoirienne, la « Révolution de jasmin », les soubresauts actuels de l'Egypte, l'impasse somalienne et le Sud-Soudan, le nouveau-né africain. « Les concepts de démocratie, de droits de l'homme, de bonne gouvernance, ne sont pas de nouveaux thèmes pour l'Afrique, mais il convient plutôt de les adapter à la culture africaine (...) », estime le président équato-guinéen. « Nous suivons de très près la situation en Egypte. Nous pensons que des changements sont nécessaires pour répondre à la volonté du peuple, des réformes économiques, des mesures sociales et probablement aussi des questions liées au gouvernement doivent être abordées», affirme Ramtane Lamamra, le Commissaire à la paix et à la sécurité de l'Union africaine qui a qualifié « d'extraordinaires » les circonstances dans lesquelles s'est ouvert ce 16e sommet. « Les attentes sont également extraordinaires (...) et nous espérons que cela se reflètera dans les résultats du sommet», dit-il. «L'UA doit respecter la souveraineté de ses Etats membres», dit-il soulignant la «nécessité d'éviter les pertes humaines». «Nous espérons que par la concertation, un fonctionnement transparent et ouvert des institutions, il y aura assez de dialogue pour surmonter ces difficultés», dit-il. Sur la chute du régime Ben Ali en Tunisie, Lamamra n'a pas été moins prolixe. «C'est évidemment une révolution du peuple», dit-il se réjouissant que le pays «aille dans la bonne direction qui reflète la volonté populaire». Invité d'honneur de ce sommet : Nicolas Sarkozy, qui a pris la présidence du Groupe des Huit pays les plus industrialisés (G8) et du Groupe des 20 (G20). Le président français qui a, en prenant la parole devant le sommet de l'Union africaine, assuré que la France se tenait «avec amitié et respect aux côtés des Tunisiens et des Egyptiens» n'a pas été avare en leçons et promesses. «Dans le monde d'aujourd'hui, on ne peut plus gouverner comme dans celui d'hier. Ce changement, ou bien on le subit et c'est la porte ouverte, un jour ou l'autre, à la violence. Ou bien ce changement on le précède, on l'accompagne et alors il peut s'accomplir sans heurt, sans déchirement, sans ouvrir la voie à toutes les aventures. Le changement pacifique, la France le souhaite», dit-il avant de demander à Ban Ki-moon d'achever «dès cette année 2011» les réformes de l'ONU pour faire place au Conseil de sécurité pour l'Afrique et d'annoncer des propositions concrètes pour renforcer la coopération Afrique/Europe. Comme les taxes sur les transactions financières, sur le transport maritime, sur le tabac et les cargaisons maritimes. Soit de quoi réunir les 125 milliards de $ promis pour aider l'Afrique à lutter contre le changement climatique. Dans la foulée, Sarkozy propose une réglementation stricte des marchés alimentaires et financiers mondiaux. Selon lui, les hausses exorbitantes des prix des denrées alimentaires ne sont pas basées sur les forces du marché. «Il ne s'agit pas d'un marché libre... mais d'extorsion et de pillage, il y a des gens qui approvisionnent les marchés alimentaires et font d'énormes profits, sans payer les coûts d'approvisionnement», dit-il, certain que le Continent noir qui a fait des «progrès remarquables» et «connu une profonde mutation» ne sera pas en mesure de se nourrir lui-même si les marchés des produits alimentaires ne sont pas réglementés. Le sommet entérinera aujourd'hui les décisions prises sur l'imbroglio né du scrutin présidentiel en Côte d'Ivoire, contesté du 28 novembre. Un panel de cinq chefs d'Etat représentant les différentes régions du continent a été mis en place. Il remettra d'ici un mois des décisions «contraignantes». C'est-à-dire «amener Alassane Ouattara à exercer la réalité du pouvoir» dans le pays «par la négociation».