C'est donc avec un ton grave et triste que le roi Philippe des Belges a exprimé toute la peine ressentie suite aux attentats qui ont fait au moins 34 morts et 250 blessés, selon un bilan provisoire des victimes, originaires d'au moins 40 pays différents. « Pour chacun d'entre nous, ce 22 mars ne sera plus jamais une journée comme les autres », a déclaré le roi Philippe appelant à garder confiance et décrétant l'union sacrée en référence à la devise nationale. La Belgique en deuil vit « un moment noir ». Face à la menace terroriste longtemps redoutée, le Premier ministre Charles Michel a insisté sur la solidarité de tous les enjeux. « Je veux avec la plus grande force dire à ceux qui ont choisi de se porter en ennemis barbares des libertés, de la démocratie, des valeurs fondamentales, que nous allons rester unis et rassemblés, que nous allons pleinement être mobilisés, avec aujourd'hui une douleur profonde dans le ventre et dans le cœur, mais avec la détermination pleine et entière d'agir pour protéger nos libertés, pour protéger nos manières de vivre », a-t-il martelé. Au cœur de l'Europe, jadis complaisante avec le terrorisme international sévissant dans d'autres cieux, le défi a sonné le réveil des consciences désormais imbues des drames humains occultés. A Bruxelles, la traque est lancée pour retrouver les traces du 3e tueur en fuite, après l'identification des deux kamikazes de l'aéroport, les frères Khalid et Ibrahim El Bakraoui, connus des services de police pour grand banditisme. La piste semble mener vers le complice de Salah Abdeslam, considéré comme le « cerveau » des attentats de Paris et de Saint Denis. Il s'agit de Najim Laachraoui, recherché depuis le 4 décembre 2015 et présenté comme l'artificier des attentats de Paris sur la base de son ADN prélevé sur le matériel explosif utilisé lors de ces attaques. De Paris à Bruxelles, le lien est établi. La planque de Charleroi, occupée par l'un des commandos de Paris et l'appartement de Forest où ont été retrouvées les empreintes digitales de Salah Abdeslam ont été loués sous un faux nom par Khalid El Bakraoui, selon le quotidien « De Standaard ». Des perquisitions menées « en plusieurs endroits du pays », notamment dans la commune bruxelloise de Schaerbeek, ont permis la découverte d'un engin explosif et un drapeau de Daech. La menace plombe l'Europe attaquée au cœur. Hier, l'aéroport de Toulouse-Blagnac a été évacué pour « inspection de sûreté », après la découverte d'un colis suspect, a indiqué la préfecture et la police des frontières. En état d'alerte maximum, les capitales européennes s'entourent de vigilance. Des sites stratégiques, tels les gares, aéroports ou centrales nucléaires, sont mis sous une protection accrue. Dans ce climat de terreur exacerbé, Londres a déconseillé à ses ressortissants la destination belge, alors que le département d'Etat a mis en garde les citoyens américains contre les « risques potentiels s'ils veulent voyager vers et à travers l'Europe ». Une délégation du FBI et de la police de New York va aussi se rendre à Bruxelles, a annoncé, mardi soir, le responsable de la lutte antiterroriste de la police de New York, John Miller, expliquant que des Américains figuraient parmi les victimes des attentats. Le monde aux couleurs belges, de la Tour Eiffel au World Trade Center, en passant par la porte de Brandebourg, se mobilise pour faire face à la « guerre en Europe » et signer « l'heure du sursaut ». L'image apocalyptique, révélée par la presse européenne, a forgé la prise de conscience sur le défi grandissant de Daech qui, bien au-delà de Bruxelles, s'attaque aux valeurs démocratiques du vieux continent dont le siège de l'Union européenne et de l'Otan restent le symbole de l'unité en danger de terrorisme.