Dans son catalogue de présentation, l'IMA indique que « c'est une histoire passionnante que celle de la bande dessinée algérienne, marquée par l'histoire du pays et parcourue d'épisodes divers, alternant entre des avancées extraordinaires et des reculs parfois terribles, mais toujours prête à renaître et avancer de nouveau ». Dans les années cinquante, les jeunes Algériens découvrent la bande dessinée à travers les petits albums qui déferlent d'Europe et qu'ils achètent souvent d'occasion dans les marchés ou aux abords des salles de cinéma. Avec l'Indépendance, émergent les premiers dessinateurs qui seront accueillis par la presse. Toute cette génération s'est nourrie des aventures de Blek le Roc, Zembla qui ont fini par céder leurs places aux Kebir et Pif dont raffolaient les collégiens des années 1980. Une avancée contrariée Au milieu des années quatre-vingt, le 1er Festival est créé, soutenu par la petite commune de Bordj El Kiffan à l'est d'Alger. Slim alors caricaturiste au journal Algérie Actualité se distinguaient par des planches qui était un regard décalé sur l'actualité et espace de relative liberté dans les médias du parti-Etat. La fin des années quatre-vingt se traduit par l'ouverture démocratique et la consécration des libertés d'expression. Il s'en suit une effervescence sociétale remarquable que la caricature et la bande dessinée accompagnent notamment à travers les nouveaux titres de la presse, dont le premier journal satirique « El Manchar ». Cette avancée est terriblement contrecarrée par les troubles que connaît le pays et qui préludent à la « décennie noire » et à son déferlement de violence. Le 9e Art connaît des martyrs : plusieurs auteurs sont assassinés dont Mohamed Dorban. D'autres prennent le chemin de l'exil et la plupart cessent toute activité, à l'exception de quelques-uns qui exercent dans la presse en tant que dessinateurs. C'est dans ce milieu et en ces dures années qu'apparaîtront de nouvelles signatures, à l'image de Dilem, Gyps, Le Hic, Dahmani, Baki... Signes du renouveau Avec les années 2000, l'Algérie renoue avec la stabilité. La vie culturelle, fortement soutenue par l'Etat, reprend progressivement. En 2008, a lieu la première édition du Festival international de la bande dessinée d'Alger (Fibda) qui permet de mettre en valeur le travail des pionniers et de promouvoir une nouvelle génération d'auteurs qui investissent aussi le domaine des Mangas. Des créateurs de divers pays y prennent part aussi à ce rendez-vous très attendu chaque année. De nombreux albums inspirés par l'actualité ou retraçant l'histoire ont été édités. Des livres sous la plume notamment d'Ameziane Ferhani et Lazhari Labter ont retracé par ailleurs cette exaltante odyssée. C'est toute cette histoire que l'exposition « Caractères, 50 ans de BD algérienne » se propose de relater. Présentée une première fois avec succès lors de la 40e édition du Festival d'Angoulême, elle a été enrichie et actualisée. L'exposition présente plus de cinquante créateurs couvrant la période pionnière jusqu'à nos jours, avec des dizaines de planches révélatrices des parcours, des styles et des thématiques, dans une découverte de la bande dessinée algérienne mais aussi, à travers elle, de toute l'Algérie, soulignent les organisateurs.