La pièce théâtrale « Ech ! Kelbek mat » (Chut ! ton chien est mort), montée par l'Association constantinoise El Belliri pour les arts et les lettres, dont la générale a été présentée, dimanche soir, au théâtre régional de Constantine (TRC), a été chaleureusement accueillie par un public nombreux. Ecrite et mise en scène par Wahid Achour, l'œuvre traite, avec ironie, les affres du colonialisme, de la tyrannie et de l'oppression. Présentée dans un style captivant, au fil des scènes, le passé est transposé sur le présent et les spectateurs se voient projetés dans l'actualité du monde arabe, ponctuée par des dépassements et des violations. La pièce relate l'histoire d'un homme et son petit-fils qui se sont retrouvés du jour au lendemain contraints à vivre à la merci d'un envahisseur indélicat, pour avoir tué un chien qui n'a jamais existé, dans une transposition en miniature du vécu de plusieurs pays arabes, entraînés arbitrairement et sans raisons valables dans des conflits sanguinaires. La vie de l'homme et son petit- fils, jusque là paisible, est soudainement et sans préavis transformée en un véritable cauchemar. L'affaire imaginaire de la mort du chien est devenue une « affaire d'Etat » et le propriétaire de « la bête » est déterminé à venger la mort de son chien chéri, « costaud, beau, intelligent et unique ». Les rôles sont campés, entres autres, par Hamza Mohamed Fodil, Ahmed Hamammes et Sami Amrani. Cette projection significative, jouée par cinq comédiens humoristes de l'association El Belliri, a donné à réfléchir et a incité les spectateurs à aller au fond des choses pour comprendre que finalement « tous les prétextes sont bons pour arriver à ses fins ». Présentée dans un cadre humoriste à craquer, cette œuvre théâtrale de 75 minutes a été interprétée en arabe dialectal et truffée de répliques constantinoises donnant l'impression à l'assistance d'être en contact avec des personnes proches. L'assistance a savouré chaque moment du spectacle dans l'allégresse et la délectation, donnant du répondant aux comédiens longtemps applaudis. Après le spectacle, le metteur en scène a indiqué que la pièce reflète « les distances qui existent entre le colonisateur et le colonisé », précisant que le titre « Ech ! Kelbek mat » est une vieille expression employée à Constantine lors d'un jeu populaire lorsque le vainqueur veut vanter sa supériorité. M. Achour a ajouté que cette expression fait allusion à « la domination et aux rapports de forces qui lient les humains et qui commandent les peuples. »