Un premier groupe de 16 Syriens a atterri, hier, à Hanovre (nord de l'Allemagne) en provenance d'Istanbul. D'autres groupes de réfugiés étaient attendus dans la journée, en particulier en Allemagne, en France, en Finlande et au Portugal, pendant que des migrants entrés illégalement en Grèce ont été renvoyés vers la Turquie en vertu de l'accord entre l'Union européenne et la Turquie conclu le 18 mars dernier et entré en vigueur hier. Cet accord prévoit le retour en Turquie de tous les migrants entrés illégalement en Grèce depuis le 20 mars. Il stipule également que pour chaque Syrien renvoyé de Grèce, un autre sera admis dans l'UE, dans le cadre d'un plan limité à 72.000 places. L'opération suscite une forte inquiétude des défenseurs des droits de l'homme. Certains étaient, hier matin, au port turc de Dikili (ouest), à l'accueil d'un ferry chargé de plus de 130 migrants pour l'essentiel originaires du Pakistan et du Bangladesh. Ils ont manifesté leur sympathie devant la barrière du port tandis qu'une banderole a été déployée sur la terrasse d'un hôtel en face du port où était inscrit « Turkey is not safe » (la Turquie n'est pas un pays sûr, ndlr). Toutefois, l'opération s'est déroulée « dans le calme et dans l'ordre », a assuré Ewa Moncure, une porte-parole de Frontex, l'agence de surveillance des frontières extérieures de l'UE. En Grèce, le ferry Erturk Line-Cesme était parti tôt le matin de Chios, île proche de la Turquie, vers 5h GMT avec à bord 66 migrants, selon la police : 42 Afghans, 10 Irakiens, 6 Pakistanais, 5 Congolais, 1 Somalien, 1 Ivoirien et 1 Indien. D'autres militants et sympathisants ont, là aussi, organisé une manifestation près du bateau, aux cris de « liberté ». Pour les dirigeants européens, il est primordial de diminuer le nombre des demandeurs d'asile et des migrants. Le ministre allemand de l'Intérieur, Thomas de Maizière, a estimé, dimanche dernier, que la vague de migration vers l'Europe avait atteint son point le plus haut grâce à l'accord avec la Turquie. Cette dernière a obtenu, en échange de sa contribution à la solution de cette crise migratoire, une aide financière de 6 milliards de dollars, l'accélération de la libéralisation des visas turcs et du processus d'adhésion à l'UE avec l'ouverture d'un nouveau chapitre de négociations. Le ministre allemand a suggéré, en outre, que des pactes similaires soient conclus avec les pays d'Afrique du Nord pour empêcher d'autres arrivées massives à l'avenir.