Les Chefs d'Etat et de gouvernement européens se retrouvent, jeudi et vendredi à Bruxelles, pour un nouveau sommet avec la Turquie consacré à la crise des réfugiés afin de tenter de trouver une "solution pérenne" permettant de tarir le flux des réfugiés qui a gravement déstabilisé l'Union. Les 28 Etats membres profondément divisés, depuis des mois sur plusieurs questions : répartition des réfugiés au sein de l'Europe, maintien de l'espace Schengen, relations avec la Turquie et montée des extrêmes, doivent finaliser un projet d'accord avec la Turquie élaboré le 7 mars. Le projet d'accord prévoit de renvoyer vers la Turquie tous les migrants, y compris les demandeurs d'asile syriens qui fuient la guerre dans leur pays. En échange, les Européens s'engageraient, pour chaque Syrien renvoyé, à transférer par voie légale un réfugié syrien depuis la Turquie vers le territoire de l'UE. Ce projet d'accord UE-Turquie sur les migrants a suscité beaucoup d'inquiétudes et soulevé de nombreuses interrogations sur sa compatibilité avec les droits de l'Homme, notamment de la part de l'ONU qui a jugé "illégales" les expulsions collectives envisagées. Mais, la Commission européenne tente de rassurer sur sa conformité au droit international, rejetant mercredi tout éventuel "renvoi collectif" de migrants dans le cadre de la mise en œuvre du projet d'accord UE-Turquie. "Il n'y aura ni renvoi collectif, ni refoulement" de migrants vers la Turquie depuis la Grèce, a déclaré à la presse le vice-président de la Commission, Frans Timmermans, à l'issue de la réunion du collège des commissaires. Selon Timmermans, l'accord UE-Turquie sur les migrants "respectera le droit international" et "garantira à tout le monde un accès individuel à la procédure de demande de protection internationale" conformément à la législation internationale en la matière. Le président du Conseil européen, Donald Tusk, a reconnu que ce projet d'accord, qui soulève des problèmes juridiques, devra être "rééquilibré" pour être approuvé par les 28 dirigeants européens. Le projet d'accord UE-Turquie prévoit également de porter l'aide promise à Ankara de 3 à 6 milliards d'euros, la libéralisation des visas pour les citoyens turcs et l'accélération du processus d'adhésion de la Turquie en contrepartie de la contribution d'Ankara à la résolution de la crise. Si l'augmentation de l'aide humanitaire promise à la Turquie ne semble pas poser beaucoup de problèmes aux dirigeants européens, même si certains parlent de chantage, les questions de la levée des visas pour les Turcs dans l'UE et l'accélération du processus d'adhésion de ce pays à l'UE soulèvent les réserves de certains pays qui refusent de faire des concessions. La France a déjà prévenu qu'elle ne fera à la Turquie "aucune concession en matière de droits de l'Homme ou de critères de libéralisation des visas". La Chancelière allemande Angela Merkel, quant à elle, a affirmé mercredi devant les députés allemands que la question d'une entrée de la Turquie dans l'UE n'est toujours "pas à l'ordre du jour" malgré les discussions en cours visant à débloquer les négociations dans le cadre d'un pacte sur la crise migratoire. Chypre a averti qu'elle s'opposera à l'ouverture de nouveaux chapitres de négociation avec la Turquie tant que cette dernière ne reconnaîtra pas la souveraineté de la République chypriote. "La liste des problèmes à résoudre avant que nous puissions conclure un accord est longue", a d'ailleurs reconnu Donald Tusk dans sa lettre d'invitation au sommet adressée aux dirigeants des 28.