Photo : Slimene S.A. Les plus hautes autorités de l'Etat ne sont pas restées indifférentes à ce que le conseil des ministres a désigné comme « l'expression d'inquiétudes et d'impatiences chez nos compatriotes ». Le chef de l'Etat en premier ne pouvait demeurer insensible. «Notre devoir d'en tenir compte et d'y répondre par des efforts accrus, quels que soient les résultats déjà atteints dans la réponse aux aspirations de notre peuple ». Le développement reste toutefois une question de stades et d'étapes à parcourir. Personne ne peut faire table rase des efforts entrepris pour rétablir la sécurité mise à mal par des années de violence politique. Le pays a certes accompli des progrès, et une colère citoyenne si elle doit traduire des frustrations ou des manques, ne doit pas pour autant conduire à la destruction des biens appartenant au privé ou à la collectivité. En matière d'infrastructures sociales et d'équipements publics, les autorités ont réalisé de grands progrès qui ont eu une incidence directe sur la qualité de vie des populations en matière d'alimentation en gaz, d'infrastructures scolaires ou d'éradication de l'habitat précaire. En s'inclinant à la mémoire des victimes des derniers troubles, le président de la République a accompli un geste symbolique fort. EXPRESSIONS PLURIELLES Des mesures concrètes ont été prises pour détendre davantage le climat politique et social dans le pays. Il s'agit en premier lieu de permettre une meilleure traduction du pluralisme politique. Un engagement est venu du plus haut niveau de l'Etat. « La télévision et la radio doivent assurer la couverture médiatique de l'ensemble des partis et organisations nationales agréés en leur ouvrant équitablement leurs canaux ». Une précision n'est cependant pas passée inaperçu. « Aucune loi ou instruction ne l'ont jamais interdit à quelque formation ou association légale que ce soit ». Est-ce le zèle alors des responsables qui a fermé les portes du débat contradictoire excluant de fait des partis agréés et légaux ? Certes, l'existence d'une presse écrite, des supports Internet qui déjouent toutes les censures, battent en brèche cette image un peu galvaudée d'un pays totalement fermé. Pour autant, la télévision, service public par excellence et au fort impact, ne peut se contenter de tourner le dos aux expressions plurielles qui reflètent la vitalité de la société algérienne. Néanmoins, des garde-fous doivent être maintenus. Pour le président Bouteflika, qui a condamné et regretté les violences et les atteintes aux biens qui ont, dans certains cas, accompagné les manifestations survenues, «la liberté ne devra pas aboutir dans quelque circonstance que ce soit aux dérapages ou à l'anarchie auxquels l'Algérie a déjà versé un lourd tribut ». L'expérience, qui a vu un mouvement prendre d'assaut l'Etat en usant de moyens démocratiques pour enterrer celle-ci et dissoudre la République algérienne dans une informe oumma, n'est pas totalement écartée. Les interrogations que suscitent les événements d'Egypte et de Tunisie l'attestent. Le pays reste encore traumatisé par les éruptions de violence qui ont touché notamment la capitale. L'interdiction de marches ne répond qu'à ce souci d'ordre public. Elle n'a pas pour fonction d'entraver l'expression politique qui se déploie sur d'autres fronts. CECITE POLITIQUE Quelques rappels et précisions sont nécessaires notamment sur le maintien jusque-là de l'état d'urgence. Le débat qui a enflé ces derniers temps à ce sujet est assimilé à une polémique infondée. Cette mesure qui n'a jamais remis en cause, selon de nombreux partis et association, y compris la CNDPDH, l'exercice de la démocratie à travers notamment des élections, a été instaurée pour les seuls besoins de la lutte antiterroriste. C'est cette raison uniquement qui en a dicté le maintien sur une base légale. L'état d'urgence n'a, à aucun moment, entravé encore moins empêché l'activité politique pluraliste ni contrarié le déroulement de campagnes électorales. Il faut sans doute chercher ailleurs la désaffection des Algériens pour la politique. Se cramponner à l'état d'urgence pour n'y voir que la seule source d'apathie politique traduit une cécité politique Nul doute pourtant qu'à la faveur de sa levée dans un proche avenir, la vie politique connaîtra un nouveau dynamisme et la société algérienne verra s'ouvrir devant elle de nouvelles perspectives. Une page aura été alors tournée.