Au XIX e siècle, les auteurs publiaient d'abord leurs œuvres sous formes de feuilletons dans les journaux ou revues. C'est sous cette forme que le lectorat a d'abord découvert les œuvres de Dostoïevski en Russie, de Flaubert ou Dumas en France. « Le roman-feuilleton » n'avait pas l'allure exclusive d'histoires à l'eau de rose à laquelle il sera plus tard assimilé et réduit. L'édition s'autonomisera et se renforcera progressivement. Cela ne rompra pas les liens entre les deux univers et beaucoup d'auteurs continueront à tenir des chroniques dans les journaux. En Europe, dans le Monde arabe, ou en Algérie après l'indépendance, ils seront nombreux dans ce cas. On connaît les liens de Mauriac avec l'Express, de Naguib Mahfoud avec El Ahram et bien des auteurs algériens ont rédigé des articles pour El Moudjahid, Algérie Actualité, Horizons, et plus récemment des publications sollicitent des auteurs. Tahar Ouettar a dirigé, des années durant, le supplément culturel Echaab et des nouvellistes comme Amar Bellahcene se sont fait connaître à El Djoumhouria dont « le Nadi El Adabi » séduisait les amoureux de la prose et de la poésie. Il y a mille et une manières de promouvoir les écrits dans les publications. Les entretiens classiques avec les auteurs et la présentation des ouvrages sont les plus courants. C'est le rôle classique des rubriques culturelles et suppléments culturels, qui se comptent hélas sur les doigts de la main. On peut aussi aborder les thèmes qui, d'une manière directe ou indirecte, ont une relation avec l'univers de l'édition et de la lecture. On en resté presque là dans notre pays. Ouvertement, des auteurs accusent même ceux qui sont chargés d'établir des fiches de lecture de se contenter de lire la quatrième de couverture. D'autres manières ont depuis surgi. Citons les recueils d'interviews ou les hors séries consacrés à tel auteur. C'est dans une collection pareille que Mouloud Mammeri trouva place aux côtés de Yechar Kemal, Saul Bellow, Ernest Junger ou Mahmoud Darwich, qui avaient accordé des entretiens au Monde. C'est à ce même exercice que se livrent sous d'autres cieux les radios et les télévisions qui lancent des produits estampillés avec le label de la chaîne. Le paradoxe est frappant. C'est du temps du parti unique que les initiatives étaient nombreuses, même si elles furent ponctuelles. El Moudjahid avait réuni au milieu des années 70 des textes édités avec la Sned. Le livre préfacé par Mahfoud Kaddache relatait des histoires et des situations liées à la guerre de Libération. Plus tard, Révolution Africaine publia une série de nouvelles. Horizons littéraire fut aussi une rampe de lancement pour de nombreuses plumes. Tout ce volet création a disparu des colonnes de nos journaux et même des revues comme Livresque dont la vocation est d'encourager et d'aider à l'émergence des talents. La balle n'est pourtant pas dans le seul camp des journaux. La plupart des maisons d'édition négligent ce travail de promotion. Il est vrai qu'internet, qui permet de consulter un site d'un éditeur ou de publier pour l'auteur, a redistribué toutes les cartes.