Littérature n Jean El-Mouhoub Amrouche : journal 1928-1962, est l'ouvrage consacré à l'écrivain. Paru aux éditions Alpha et présenté par Tassadit Yacine, le livre se présente comme un journal, tenu de manière régulière, par l'auteur (Jean El-Mouhoub Amrouche), sur une période allant de 1928 à 1962, la veille de sa mort. Ce journal, ou ce cahier journalier, revisite l'itinéraire de ce dernier et retrace sa vie, «une vie avec ses hauts et ses bas, ses pleins et ses vides, ses cris et ses silences, ses angoisses et ses espérances». Ce sont des pages que nous lisons avec curiosité et attention et auxquelles nous prêtons un profond intérêt, parce que chacune nous renseigne sur ce personnage, l'homme et l'écrivain, l'intellectuel et l'engagé, intellectuellement et politiquement. Le journal que nous présente Tassadit Yacine, est à la fois des témoignages et des confessions. Il se présente comme une autobiographie puisque la vie de Jean Amrouche y est retracée. Il contient certes des éléments et des repères autobiographiques, mais aussi «des informations utiles pour la connaissance du monde des lettres et de l'univers de la politique», écrit Tassadit Yacine dans la présentation du livre, et de poursuivre : «Il relate aussi des faits difficiles à évoquer sans revenir sur les conditions dans lesquelles s'est formé cet intellectuel représentatif du champ littéraire des années quarante et cinquante.» «Il révèle, par ailleurs, la face cachée : le désespoir, l'incertitude et l'impuissance caractéristiques des trajectoires insolites dans l'espace culturel et politique de la France durant la période coloniale», souligne-t-elle. En somme, ces pages demeurées inédites, comportent «une auto-analyse très sensible, un florilège des auteurs qu'il reconnaît comme ses inspirateurs ou ses intercesseurs», écrit Tassadit Yacine, et de reprendre : «Nous y trouvons aussi des croquis de personnages, des brouillons de lettres, des ébauches d'articles, l'évocation de ses amis.» Le journal, un document par lequel l'on peut connaître le personnage et approfondir sa personnalité, prend naissance à Tunis (1928-1942) où il a passé sa jeunesse, il se poursuit, plus tard, en Algérie, puis en France (1942-1954), alors que la troisième étape, et la dernière, (1954-1962) renvoie, écrit Tassadit Yacine, à «celle de l'intellectuel engagé dans le combat de son époque», c'est-à-dire son engagement pour la cause nationale, il était un fervent militant de l'indépendance de l'Algérie. Jean El-Mouhoub Amrouche, né à Ighil-Ali dans une famille kabyle de la vallée de la Soummam, après des études brillantes, fut successivement professeur, poète, critique littéraire, animateur de revue, écrivain engagé, intervenant à Radio-Alger pendant la guerre, puis à Radio-France (Paris). Il eut alors l'occasion de s'entretenir avec tous les grands noms de la littérature et de la philosophie : Albert Camus, François Mauriac, André Gide et bien d'autres encore. Le journal que nous présente Tassadit Yacine évoque et retrace «la vie d'un homme, d'un poète, d'un intellectuel engagé».