Les fonds qui seront collectés dans le cadre de l'emprunt obligataire national d'Etat seront destinés exclusivement à l'investissement économique, a réaffirmé, mardi dernier, le ministre des Finances, Abderrahmane Benkhalfa, en assurant que l'opération visait la mobilisation des capitaux formels et informels « sains ». « Que tout le monde soit tranquille : nous ferons tout pour orienter chaque dinar collecté dans le cadre de l'emprunt obligataire vers des investissements économiques, qu'ils soient structurants comme les ports, les chemins de fer, les zones industrielles, le logement promotionnel ou les réseaux d'irrigation, ou destinés à l'élargissement des entreprises économiques », a-t-il déclaré lors d'une cérémonie officielle dédiée au lancement et à la présentation de l'emprunt national pour la croissance économique. La rémunération annuelle fixée pour l'emprunt, à savoir 5% pour les titres à maturité de 3 ans et 5,75% pour ceux de cinq ans, ne représente de ce fait qu'un « partage » de revenus de ces investissements, entre l'Etat d'une part, et les souscripteurs de l'autre, a-t-il soutenu. Par contre, les missions « souveraines » touchant à l'éducation et à la formation, la santé publique, la solidarité, la promotion de la jeunesse et des infrastructures ainsi que le développement local notamment dans le Sud et les Hauts-Plateaux resteront des prérogatives de l'Etat qui seront financées sur son budget, a affirmé le grand argentier du pays. Il a assuré, devant un parterre de ministres, d'associations patronales et syndicales et universitaires, que cette opération, qui marque un « retour progressif à un modèle de financement économique rénové », était basée sur l'idée de mobiliser l'épargne nationale, que ce soit celle existant chez les ménages, les entreprises structurées ou « se trouvant au niveau des milieux d'affaires non structurés mais utilisant des capitaux sains ». Ce modèle de financement n'écarte toutefois pas un « recours sélectif à certains financements extérieurs préférentiels qui seraient mobilisés avec des coûts très avantageux et conformément à la législation régissant ce domaine ». Ainsi, l'emprunt, qui sera ouvert à la souscription auprès des réseaux bancaires et des centres postaux à compter de dimanche prochain, ne « devrait pas être vu comme étant une solution conjoncturelle pour faire face à la baisse des ressources mais plutôt comme un instrument moderne utilisé de par le monde pour contenir l'épargne et l'intégrer dans une dynamique d'investissement et de croissance », a recommandé le ministre. Il a enfin invité « tout le monde à souscrire à cette démarche pour prouver à tous, en Algérie et à l'étranger, que l'effondrement des cours de pétrole n'est pas synonyme de l'effondrement de la croissance ». Des économistes optimistes Des économistes présents à la cérémonie ont prédit un succès à l'opération. « Je suis profondément convaincu de ce projet (l'emprunt) car le financement de l'économie à travers la mobilisation de l'épargne privée a fait ses preuves dans le monde et dans des pays voisins », avance Raouf Bousekkine, professeur en économie à l'université d'Aix-Marseille. Pour l'expert financier Adel Si-Bouekaz, l'emprunt constitue une alternative pertinente pour la mobilisation de l'épargne excédentaire, qui va améliorer le niveau de confiance entre l'Etat et les souscripteurs ainsi que le niveau de la gouvernance. Il s'attend ainsi à une « réussite » de l'opération. L'expert financier, Rachid Sekkak, a pour sa part estimé que le taux fixé pour les commissions bancaires sur les fonds collectés dans le cadre de l'emprunt était « énorme », en ajoutant que la rémunération offerte est à « risque zéro », ce qui constitue un préalable à la modernisation financière. De son côté, Boualem Djebbar, président de l'Association des banques et établissements financiers (Abef), a assuré que les banques étaient prêtes pour le lancement de l'emprunt en souhaitant que l'opération réussisse à drainer de « l'argent frais, c'est-à-dire en dehors du circuit bancaire ». Interrogé par la presse sur l'intérêt que porte le Forum des chefs d'entreprise pour l'emprunt, son président Ali Haddad a déclaré : « Nous allons y participer. Ceci dit, l'emprunt vient d'être lancé, laissez-nous y réfléchir. » Il a estimé que la rémunération fixée pour les bons souverains était « très conséquente comparée aux taux d'intérêt bancaires ». Les souscriptions à l'emprunt, ouvert aux particuliers et aux entreprises durant six mois (à compter du 17 avril), se feront à travers près de 4.300 points habilités qui sont composés des agences bancaires et postales, des succursales de la Banque d'Algérie et des trésoreries principale, centrale et de wilaya. La souscription pour les obligations d'Etat, d'une valeur de 50.000 DA chacune, sera proposée sous deux formes : titre nominatif ou au porteur (anonyme). Quant au mode de paiement, il sera effectué selon le choix du souscripteur : par chèque, cash ou par virement.