Expert en nouvelles technologies numériques, notamment du web, Bernard Benhamou est ancien délégué aux usages des NTIC auprès du ministère français de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique. Conscient du retard de l'Europe dans la course au cyberespace, il n'en demeure pas moins convaincu de la possibilité pour le Vieux Continent de prendre des « raccourcis » pour se refaire une bonne place. Il signe, en qualité de secrétaire général de l'Institut de la souveraineté numérique, sur le site www.souverainetenumerique.fr un éditorial intitulé « La Souveraineté numérique : un enjeu stratégique pour l'Europe », dans lequel il développe cette analyse : « C'est dans ce contexte que nous avons souhaité créer l'Institut de la souveraineté numérique. Il a pour objectif de fédérer l'ensemble des acteurs concernés par les mutations numériques de nos sociétés (de l'énergie aux transports, de la maîtrise de l'environnement à la culture...) et de faire connaître les nouveaux enjeux de la souveraineté numérique auprès des acteurs publics, des acteurs industriels ainsi que des citoyens. » Comme méthode de travail, ajoute-t-il, l'Institut de la souveraineté numérique comptera sur « l'appui de chercheurs et d'experts, qu'ils soient historiens, scientifiques, économistes, entrepreneurs, sociologues ou philosophes » pour pouvoir « imaginer de nouvelles formes de rapports économiques et sociaux à l'âge du numérique », ajoute Benhamou, estimant que la mission de cet institut « sera aussi de proposer des mesures technologiques, juridiques et politiques qui permettront de faire valoir la souveraineté numérique sur l'ensemble de nos ressources numériques et en particulier sur nos données ». Système d'exploitation « souverain » ! Au début de l'année, les parlementaires français ont eu entre les mains un texte de l'Exécutif qui envisageait de doter la France « d'un système d'exploitation afin d'obtenir une certaine souveraineté numérique », lit-on sur le site http://linuxfr.org qui ajoute que ce « texte vise la production d'un rapport envisageant la « possibilité de créer un commissariat à la souveraineté numérique » et précisant « les conditions de mise en place, sous l'égide de ce commissariat, d'un système d'exploitation souverain ». En matière de « patriotisme numérique », le site rappelle que « le ministre français de l'Economie, du Redressement productif et du Numérique, Arnaud Montebourg, avait déjà évoqué un système d'exploitation bleu, blanc, rouge en 2014 (en se basant sur le concept de résogiciel français du président de Skyrock, Pierre Bellanger) ». Abordant le même sujet, le site dédié aux nouvelles technologies zdnet.fr rappelle que beaucoup de « pays ont déjà créé des distributions pour garantir leur indépendance » et cite l'Espagne où « l'Andalousie produit GuadaLinex et l'Argentine propose Huayra », ainsi que « la Chine, l'Inde, le Brésil et la Turquie ». Interrogé au sujet de cette initiative française d'un système d'exploitation souverain, Bernard Benhamou a indiqué au site http://www.silicon.fr/ que l'idée de créer un système d'exploitation souverain sur le territoire français « est une absurdité », même si, ajoute-t-il, « elle peut paraître sympathique sur le papier ».