Après le mea culpa adressé le 10 avril dernier, qui a reconnu une « erreur » aux conséquences tragiques, le président Barack Obama se refuse catégoriquement de rééditer « le mauvais signal ». C'est donc en présence du Premier ministre britannique, David Cameron, l'un des apôtres de l'expédition menée par l'Otan, que la décision américaine de ne pas envoyer de troupes au sol a été annoncée. « Je ne pense pas que cela soit nécessaire. Je ne pense pas que cela serait bien accueilli par le nouveau gouvernement (libyen) », a déclaré, vendredi dernier, Obama, lors d'une conférence conjointe. Le cap est mis sur la seule alternative crédible : le règlement par les Libyens de la crise libyenne. Le bout du tunnel n'est pas loin. Il reste seulement à vaincre certaines réticences pour remettre à flot un pays au bord de l'éclatement qui a tant souffert des querelles de leadership et des ambitions personnelles. A Tobrouk, les îlots de résistance au changement et à la stabilité se traduisent par un isolement accru au consensus inscrit dans la démarche onusienne, soutenue par les partenaires libyens influents, les principales institutions financières et pétrolières, les pays voisins et la communauté internationale. Alors que la majorité des députés du Parlement (102 sur 198), reconnu par la communauté internationale, a exprimé sa confiance au gouvernement d'union nationale dirigée par le Premier ministre Fayez al-Sarraj, ils ont toutefois dénoncé le « chantage » exercé notamment par le président, menacé de sanctions internationales. Encore une fois, faute de quorum, le vote de confiance a été renvoyé aux calendes grecques. Dans une déclaration, publiée jeudi dernier au soir, ils affirment avoir été empêchés de voter formellement et demandent que « la session lors de laquelle les ministres prêteront serment soit organisée d'ici la fin de la semaine prochaine » en dehors de Tobrouk. Cette éventualité est sérieusement évoquée par l'envoyé spécial de l'ONU en Libye, Martin Kobler, affirmant toute sa « déception » et la nécessité de la prise en charge rapide par le gouvernement d'al-Sarraj des affaires du pays. De leur côté, les ambassadeurs et envoyés spéciaux de l'Union européenne (UE), des Etats-Unis, de France, du Royaume-Uni, d'Allemagne, d'Italie, d'Espagne et du Portugal ont pour leur part « salué » cette demande des députés de « réunir le Parlement dans un lieu de Libye où la sécurité de ses membres soit garantie ». Erigé en rempart contre l'aventurisme et la dérive qui ont profité à l'encrage de Daech aux portes de Tripoli et aux frontières de l'Europe, le gouvernement d'union nationale est le seul partenaire légitime reconnu par l'ONU de retour à Tripoli. De la même manière, aux côtés de la Libye dans le « bien et le pire », l'Algérie a décidé de la réouverture « le plutôt possible » de son ambassade, ciblée en janvier 2015 par une lâche attaque à la bombe qui a fait 3 morts. L'annonce a été faite par le ministre des Affaires maghrébines, de l'Union africaine et de la Ligue des Etats arabes, Abdelkader Messahel, lors de sa visite effectuée mercredi à Tripoli, à l'issue de la conférence conjointe tenue avec le vice-Premier ministre libyen, Ahmed Meitig. Le retour de l'Algérie marque un engagement jamais démenti, clairement traduit par les efforts consentis pour lancer le dialogue inclusif. « J'espère que l'Algérie sera le premier pays à rouvrir son ambassade », a martelé Messahel. Le geste algérien de paix, de stabilité et de réconciliation pour la Libye endeuillée a prévalu.