Les ministres des Affaires étrangères d'Algérie, d'Egypte, du Soudan, du Tchad, du Niger, en plus de la Tunisie, pays hôte, ont entamé, hier à Tunis, la 8e rencontre des pays du voisinage de la Libye, en présence des représentants de la Ligue des Etats arabes et de l'Union européenne, de l'envoyé spécial de l'ONU et du chef du gouvernement libyen de réconciliation nationale. A l'ouverture de cette rencontre, Martin Kobler, l'envoyé spécial de l'ONU en Libye, a mis l'accent sur «le rôle important des pays du voisinage dans la stabilité de la Libye, vu la complexité de la situation dans ce pays et le chaos qui y sévit». Kobler a dit «s'attendre à ce que cette réunion examine les moyens d'accélérer le processus de remise du pouvoir au gouvernement de transition, pour éviter à la Libye une intervention militaire étrangère». Pour sa part, le chef du gouvernement libyen, Fayez El Sarraj, a passé en revue «la crise aiguë et multiforme, vécue par la population libyenne, aussi bien humanitaire que sécuritaire et socioéconomique, en plus de l'extension des terroristes de Daech à travers la pays». El Sarraj a dit que «la Libye ne peut relever ces défis sans une étroite coordination avec les pays du voisinage». Concernant son programme d'action, El Sarraj a souligné que le Conseil de la présidence du gouvernement a entamé, depuis le 12 mars, les démarches pour l'entrée du gouvernement à Tripoli. Par ailleurs, il a lancé un appel à tous les récalcitrants en vue de dépasser les différends. Ainsi, El Sarraj a envoyé une lettre aux deux membres du Conseil de la présidence du gouvernement de réconciliation, Ali Katrani et Omar Lassoued, pour les prier de réintégrer le Conseil qu'ils ont boycotté depuis l'annonce de la composition de son gouvernement. Katrani représente la région de Barka et le général Haftar, alors que Lassoued représente Zentane. Unis et différents Si tous les pays du voisinage de la Libye semblent unis dans leur approche favorable au processus politique et refusant l'intervention militaire, ils ne voient pas la situation de la même façon sur le terrain. Ainsi, en accueillant la veille les MAE des pays voisins de la Libye, le président tunisien, Béji Caïd Essebsi, a insisté sur l'importance d'une solution politique en Libye, sous l'égide de l'ONU. Le président tunisien n'a cessé de défendre cette position auprès des belligérants de la crise libyenne, avant et après l'accord de Sekhirat. Pour sa part, le ministre algérien des Affaires maghrébines, de l'Union africaine et de la Ligue des Etats arabes, Abdelkader Messahel, a défendu la même position dans ses rencontres avec les représentants des Unions européenne et africaine, ainsi qu'avec le ministre tunisien des Affaires étrangères. Messahel a insisté sur le renforcement des efforts de l'ONU pour permettre au gouvernement libyen de réconciliation d'exercer à partir de Tripoli. Pour lui, «la solution politique en Libye se répercute sur la sécurité et la stabilité dans la Méditerranée». Toutefois, une telle approche n'est pas partagée par l'Egypte. Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Sameh Chokri, a déclaré, après sa rencontre avec Fayez El Sarraj, que «l'Egypte soutient l'accord politique qui se traduit par l'engagement de la Chambre des députés en Libye à réaliser tous les éléments cités dans l'accord politique». Et lorsque l'on sait que l'accord de Skhirat (Maroc) du 17 décembre 2015 stipule que le gouvernement de réconciliation obtient la confiance auprès de la Chambre des députés de Tobrouk, ce qui n'est pas encore le cas, cela veut dire, selon le politologue libyen Ezzeddine Aguil, que l'Egypte ne soutient pas l'entrée d'El Sarraj à Tripoli. Aguil ajoute que «les derniers échanges de feu entre les milices, le week-end passé à Tripoli, traduisent la tension persistante dans la capitale libyenne, ce qui rend difficile une rapide installation du gouvernement El Sarraj à Tripoli».