• «La destruction des tribus», «Chroniques d'Algérie» ; (1838-1847), de Mohamed-Laïd Annane, Editions ANEP, 165 pages, prix public :298,50 DA La décennie la plus barbare du début de la colonie française en Algérie, celle qui a marqué la population algérienne par la terreur des innombrables expéditions et la politique d'extermination s'étale de 1838 à 1847. Dix années qui ont vu l'action militaire coloniale adopter une stratégie de démantèlement des tribus pour servir «les sombres desseins de l'occupant colonial». Mohamed–Laid Annane dont c'est la deuxième partie de son œuvre sur les sources d'une colonisation à ses origines forte d'une armée de cent mille hommes dans laquelle les fameuses colonnes de la mort. La politique de Bugeaud était de disséminer puis décimer les différentes tribus acquises à la cause de l'Emir Abdelkader, stratégie répressive obéissant à la technique de la terre brûlée. Les villes tombent, la résistance est féroce, les garnisons coloniales se multiplient, les déploiements militaires également. Les nombreux renégats à la cause de l'Emir, se soumettant en même temps que les milliers de leurs cavaliers à la France coloniale déstabilisent les tactiques de défense de l'Emir et des tribus insurgées contre ce nouvel ordre étranger expansionniste. Le 23 décembre 1847 est qualifié par l'auteur de «journée fatidique». Dix ans d'affrontements disproportionnés, d'opposition farouche qui aboutissent à l'exil d'Abdelkader et de sa famille. Geste noble ou d'homme vaincu ? L'Emir avant de quitter le sol d'Algérie en remettant son épée au général Lamoricière «offre son cheval au Duc D'Aumale» A travers les six chapitres qui composent cet ouvrage, on revient sur ce qui a été «le polygone de la mort». Un tracé géographique des plus démoniaques afin d'instaurer un climat de terreur généralisé entre les axes d'El Asnam, Ténès, Mostaganem, Cherchell, Tiaret, Teniet el Had, Oued Rouina, Boghar et Khémis des Béni Ouragh. Le lecteur est informé de la manière avec laquelle a été éliminé Ben Allal Ould Sidi Embarek, descendant de la Zaouïa de la ville de Koléa. Ben Allal ayant pris les armes contre les premières armées coloniales aux côtés de l'Emir trouvera la mort en même temps que ses hommes, un certain mois de novembre 1843. Le traité de septembre 1844 est rappelé comme étant une trahison de la part de Moulay Abderahmane du Maroc en accord complice avec la France afin d'expulser l'Emir et toutes les tribus s'étant repliées au royaume chérifien. Cette entente franco-marocaine fera d'Abdelkader et de ses partisans des «hors la loi», en les acculant dans des périmètres définis pour les déstabiliser un peu plus. Pris corps alors «Cette frénésie de conquête d'espaces dits vierges par l'homme civilisé ayant créé des réflexes nouveaux apparus brutalement chez un colonisateur que l'Histoire n'a pas manqué de condamner… » Un livre d'accès facile, avec des éléments d'informations historiques sensés intéresser un lectorat curieux sur une période tragique de l'Algérie. Un retour sur la reddition de l'Emir Abdelkader et les conséquences d'une colonisation sans merci.