« Ce qui a été accaparé par la force ne peut être repris que par la force ». C'est la conviction de l'ancien numéro deux de l'OLP, Abou Jihad. De son vrai nom Khalil al-Wazir, il avait été lâchement assassiné par un commando israélien le 16 avril 1988 à Tunis. Cet assassinat politique minutieusement préparé par le Mossad « coïncidait » avec le lancement de la première intifada. Il a certes fait perdre à la Palestine l'une de ses figures historiques mais n'a à aucun moment pu faire fléchir la détermination et l'engagement des résistants à faire face à l'occupation israélienne. Invité hier au forum d'El Moudjahid pour la célébration du 28e anniversaire de la mort de Abou Djihad, l'ambassadeur de l'Etat de Palestine Aissa Louai, s'est référé aux sacrifices que ce martyr, « guerrier dans l'âme », a consentis pour faire trembler l'entité sioniste. Ses qualités de stratège lui ont valu le commandement des opérations extérieures du Fatah. Il mènera à ce titre plusieurs attaques contre l'occupant et devint de ce fait, l'ennemi public numéro un. « A partir de 1965, il était dans le collimateur », a soutenu l'ambassadeur. Israël tenta, par tous les moyens et à maintes reprises de l'éliminer. Mais vainement. Sa « traque » fut sans répit. Elle s'intensifia à la mesure de la révolte des Palestiniens dans les territoires occupés. En janvier 1988, quelques semaines avant sont assassinat, au plus fort des affrontements entre « les lanceurs de pierre » et les soldats israéliens, Abou Djihad déclara à l'adresse de Tel-Aviv qu'il était à l'origine de l'intifada du peuple palestinien. Cette déclaration exacerba la peur et le désarroi au sein de l'administration sioniste qui n'hésite pas à intensifier et accélérer la machine de guerre dans les territoires occupés. Les représailles furent intenses. Les services de renseignement israéliens s'investissent dans la recherche du moindre détail et réussissent à localiser la nouvelle résidence du « père de la lutte palestinienne » à Tunis. Il a été assassiné devant son épouse et ses enfants (75 impacts de balles relevées sur son corps selon les médecins légistes). Abou Djihad, restera, selon l'invité du forum, « le symbole de la résistance palestinienne ». N'ayant aucune autre tribune pour faire entendre sa voix, le peuple palestinien doit, de l'avis de l'ambassadeur, saisir cette commémoration et celle de la journée du prisonnier palestinien pour attirer l'attention de la communauté internationale sur les souffrances et exactions que fait subir l'occupant sioniste aux populations des territoires occupés. « El Qods est en danger. La situation est extrêmement difficile dans les territoires palestiniens. Elle se détériore de jour en jour ». C'est l'appel lancé par le diplomate palestinien en direction des organisations internationales des droits de l'Homme. Depuis octobre 2015, l'armée israélienne détient dans ses prisons 5.000 Palestiniens dont 1.900 garçons et 140 filles et pas moins de 60 détenus blessés. Selon les responsables palestiniens, depuis 1967, Israël a emprisonné 850.000 Palestiniens, 20% de la population. « C'est un taux record », affirme l'ambassadeur, d'où la nécessité de relancer toute initiative diplomatique en mesure de desserrer l'étau autour des territoires palestiniens et freiner l'extension des colonies juives. Selon Aissa Louai, le récent plaidoyer de Benjamin Netanyahu pour que le plateau du Golan reste israélien pour toujours, prouve l'impunité dont bénéficie Israël et la non-application du droit international. Reprochant à la communauté internationale son silence, l'ambassadeur de l'Etat de Palestine s'est déclaré favorable à l'initiative française, rappelant que la partie palestinienne a ses conditions pour la relance des négociations de paix.