Après la journée de dimanche dernier, relativement calme dans les secteurs est, les raids aériens ont repris, après minuit, où plusieurs quartiers, dont le populeux Boustane al-Qasr, ont été pris pour cibles. Les rebelles ont, pour leur part, bombardé à l'artillerie lourde dimanche dernier au soir les secteurs ouest de la ville tuant trois civils dont un enfant, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). Depuis la rupture de la trêve, le 22 avril, le champ de bataille d'Alep, ravagé par des bombardements des belligérants qui ont fait en neuf jours 253 morts parmi les civils dont 49 enfants, selon l'OSDH, les parrains du processus de paix se mobilisent pour mettre fin à une dérive qui risque de tout remettre en cause. De Genève où il est arrivé hier, pour s'entretenir avec l'émissaire de l'ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura, et ses homologues saoudien, Adel al-Jubeir, et jordanien, Nasser Judeh, le secrétaire d'Etat américain se veut optimiste. « Nous avons l'espoir de faire des progrès », a-t-il dit avant une rencontre à son hôtel genevois avec le ministre jordanien des Affaires étrangères. Mais, l'enjeu de la cessation des hostilités et l'accès de l'assistance humanitaire dans tout le pays, exigés par le conseil de sécurité, sont fondamentalement tributaires de la coopération active de la Russie absente du rendez vous genevois. Peu après son arrivée, John Kerry a annoncé que « nous parlons directement avec les Russes, y compris maintenant ». Dès lors, Moscou s'est engagé à tout mettre en œuvre pour parvenir à une suspension des hostilités. « Actuellement, des négociations actives sont en cours pour établir un « régime de silence dans la province d'Alep », a déclaré le général Sergueï Kouralenko, chef du Centre russe pour la réconciliation, créé par l'armée russe pour superviser la trêve entrée en vigueur le 27 février. Le Centre russe a annoncé que « les hostilités avaient cessé dans la plupart des régions de Syrie », néanmoins compromises par cinq violations du cessez-le-feu imputées aux groupes rebelles Ahrar al-Cham et Jaïch al-Islam considérés par la Russie comme « terroristes ». Si, pour Moscou et Damas, la présence du Front Al-Nosra, inscrit dans la liste noire des groupes terroristes et non concerné par la trêve, légitime l'offensive sur Alep, la perception américaine n'écarte pas cette thèse. Tout en demandant aux rebelles « modérés » de prendre des distances avec le Front Nosra, le secrétaire d'Etat américain estime toutefois qu'il y a « différentes façon de l'aborder » et que « nous nous rapprochons d'un terrain d'entente ». Dans l'impasse, le processus du dialogue nécessite une revitalisation du cessez-le-feu à laquelle a appelé l'émissaire de l'ONU pour la Syrie pour permettre la reprise du 4e round en mai. L'enjeu de la paix syrienne traduit la prise de conscience de la communauté internationale, notamment en Europe confrontée au défi de Daech et à la crise migratoire aux conséquences néfastes sur la sécurité et la stabilité du vieux continent.