La paix au Yémen, pays en proie à l'instabilité, n'est pas pour demain. L'attitude figée des parties en conflit entrave, à chaque round, les pourparlers de paix. En l'absence de progrès dans les négociations directes, entamées le mois dernier à Koweït, l'émissaire de l'ONU pour le Yémen, Ismaïl Ould Cheikh Ahmed, a exhorté hier les protagonistes à faire des « concessions » pour parvenir à une solution globale. Suspendues samedi dernier, les négociations devaient reprendre hier. Au terme d'une série de rencontres séparées qu'il avait eues avec les différentes délégations, en présence du chef de la diplomatie du Koweït et les ambassadeurs de 18 pays occidentaux, le diplomate onusien a espéré voir la nouvelle session de pourparlers lever certains blocages. « Les participants aux négociations de Koweït doivent répondre aux aspirations du peuple yéménite et j'ai confiance en la volonté des Yéménites de mettre fin au conflit », a-t-il souligné. Déplorant le non- aboutissement des pourparlers de paix, le ministre yéménite des Affaires étrangères, Abdel Malek al-Mekhlafi, qui conduit la délégation gouvernementale, a estimé que « pour parvenir à la paix, nous avons accepté toutes les propositions qui nous ont été soumises. Mais après trois semaines, nous n'avons rien en mains parce que la partie adverse est revenue sur ses engagements », a-t-il souligné. Les Houthis et leurs alliés, les partisans de l'ancien président Ali Abdallah Saleh, demandent la formation d'un gouvernement de transition avant de procéder au retrait des zones qu'ils occupent et à la remise des armes lourdes qu'ils ont prises à l'armée, comme les y oblige la résolution 2216 du Conseil de sécurité de l'ONU. Ils ont protesté contre de nouveaux raids aériens de la coalition arabe conduite par l'Arabie saoudite, qui auraient fait de nombreuses victimes. A Aden, des centaines d'expulsions de nordistes de cette grande ville du sud ont eu lieu. Cette pratique a suscité l'indignation du président et de responsables yéménites. Le président yéménite, Abd Rabbo Mansour Hadi, a qualifié d'« inacceptables » les expulsions d'Aden (sud) de personnes originaires du nord de ce pays. « Les agissements individuels consistant à expulser (d'Aden) des citoyens de Taëz et d'autres villes sont inacceptables. Taëz (grande ville du sud-ouest qui fait historiquement partie du nord) est la profondeur stratégique d'Aden », a précisé le président yéménite, insistant sur la nécessité du maintien de l'ordre à Aden. Qualifiées par les responsables yéménites d'anticonstitutionnelles bafouant les droits de l'Homme, ces expulsions confirment, de l'avis des observateurs, l'échec des autorités à faire respecter la loi.