Placé sous le signe évocateur de la « transformation numérique », le Forum économique mondial pour l'Afrique qui se tient à Kigali (du 11 au 13 mai) prend le relais du sommet de Davos plaidant, en janvier, pour « la 4e révolution industrielle » qui se doit d'assurer la transition de l'économie mondiale en pleine récession et la transformation en profondeur des sociétés. L'enjeu se décline, selon la directrice Afrique du Forum mondial, Elsie S. Kanza, en « opportunité unique » pour l'introduction « des industries nouvelles » dans les secteurs clés de l'agriculture et de la santé. Il s'agit concrètement de travailler à l'élargissement des paiements par téléphones portables et au recours aux drones pour acheminer des vaccins. Tel est le défi que s'apprêtent à relever plus de 1.200 participants, décideurs, entrepreneurs, ou représentants de la société civile issus de 70 pays. Dix chefs d'Etat ou de gouvernement africains (Côte d'Ivoire, Ethiopie, Gabon, Guinée, Kenya, Sénégal, Togo), des ministres et des responsables d'autres pays (Russie, Etats-Unis, Suède, Pays-Bas), et des représentants d'organisations internationales (Centre commercial international, Fonds international pour le développement agricole, Fonds des Nations unies pour la population) sont aussi attendus. La 4e « révolution industrielle », porteuse de chances réelles pour l'émergence de « sociétés plus puissantes, justes et prospères », est tributaire, selon Elsie Kanza, de la mise en place d'« institutions fortes, une plus grande intégration régionale et des investissements dans les domaines clés tels que les infrastructures, l'éducation et l'industrie. » Elle est également porteuse d'un « vaste champ » pour un partenariat africain public-privé et une coopération internationale mutuellement bénéfique. En marge du forum de Kigali, la 4e réunion du Conseil d'administration de l'initiative « Smart Africa », regroupant 11 chefs d'Etat, sera l'occasion pour dresser le bilan et définir les perspectives de développement. Plus encore, en décembre 2016, se tiendra, à l'initiative de la société civile africaine sur la société de l'information (Scasi), le 1er sommet africain sur l'économie numérique et la croissance durable, pour rattraper le retard dans un continent qui a profité le moins des retombées de la révolution technologique. Son président, le Dr Cissé Kane, en fait le constat alarmant. « Les taux de pénétration d'Internet restent désespérément bas (autour de 20% en moyenne). La construction d'infrastructures de qualité, l'accès au haut débit, les coûts liés aux TIC, la cyber-sécurité... restent des défis majeurs pour l'Afrique. L'économie numérique africaine, très florissante (avec un potentiel de croissance de 75%), est très souvent aux mains de multinationales et d'actionnaires qui ne laissent pratiquement pas grand-chose à l'Afrique », explique-t-il. Dans un marché prometteur, caractérisé par une forte croissance, un boom des TIC et des techniques de l'innovation, le cap de la maturation numérique impose une période transitoire pour combler le déficit en infrastructures et en énergie et, surtout, permettre le redéploiement des investissements du secteur des matières premières vers les NTIC.